Pour célébrer leur 30e anniversaire, les Productions Supermusique présentent à l'édifice Belgo une manifestation alliant arts visuels, danse et musique. Incontournable à Montréal pour qui aime l'art contemporain, l'édifice Belgo reste cependant peu accueillant. Cela devrait changer aujourd'hui.

Le tromboniste et compositeur torontois (mais bientôt montréalais) Scott Thomson, bien connu des improvisateurs de sa future ville d'adoption, a écrit pour l'occasion une partition sans musique, BelgOrientation, une «composition cartographique» in situ pour 20 musiciens, 10 danseurs et les artistes qui exposent dans les 14 galeries participantes.

 

«Je ne dis pas aux musiciens quoi jouer, mais plutôt où et comment, explique-t-il. Mon travail est de m'assurer qu'ils soient au bon endroit au bon moment. Je laisse le contenu à leurs extraordinaires talents d'improvisateurs. Ils feront mieux que tout ce que j'aurais pu imaginer.»

Les musiciens et les danseurs se déplaceront d'une galerie et d'un étage à l'autre toutes les 20 minutes. En se croisant dans les couloirs et les ascenseurs, ils pourront improviser ensemble quelques minutes avant d'arriver à destination.

La cartographie de Scott Thomson consistait à prévoir les nombreux déplacements qui se feront durant les deux heures de la «composition» afin de privilégier certaines rencontres. Les spectateurs auront la même partition entre les mains afin de choisir leur propre parcours dans l'iPod géant que deviendra le Belgo.

«L'idée est de leur donner la même chance de découverte qu'aux artistes, souligne Thomson. C'est une activité gratuite et libre. Les artistes seront libres et les spectateurs aussi. Je veux leur donner la chance de vivre la musique comme moi-même j'aime l'expérimenter.»

Difficile d'imaginer alors cette approche tout à fait contemporaine dans un autre lieu que le Belgo, là où les artistes travaillent souvent en plaçant le spectateur au centre du processus de création.

«Nous cherchons à établir des connexions, des liens, mais personne d'autre ne peut mieux le faire que le spectateur, peu importe la forme d'expression artistique qu'il a sous les yeux. En ce sens, je suis un médiateur.»

Le Belgo représente aussi, pour le compositeur, une boîte à musique exceptionnelle. «J'ai fait l'expérience à Toronto et à Vancouver, dans des galeries ou même en plein air, et le Belgo a un excellent potentiel. Peu importe où je vais, c'est toujours le son qui me frappe en premier lieu, la résonance, les bruits, l'atmosphère.»

Sans parler de la présence d'oeuvres d'artistes comme Jim Campbell, René Derouin, Sylvie Readman, Thomas Kneubühler et plusieurs autres. En danse, on pourra voir notamment Louise Bédard, Emmanuel Jouthe et Daniel Soulières. Parmi les musiciens, Jean Derome, Diane Labrosse, Joane Hétu, Rainer Wiens, Pierre Tanguay et Lori Freedman y seront.

«C'est un groupe exceptionnel, dit Scott Thomson. J'ai déjà travaillé avec 23 de ces danseurs et musiciens, c'est comme ma famille. Je n'ai aucune idée de ce que ça donnera, mais dans un tel environnement créatif, on peut s'attendre à de belles étincelles.»

BelgOrientation a lieu aujourd'hui à partir de 14h dans 14 galeries du Belgo, 372, rue Sainte-Catherine Ouest.