Waterhouse, les toiles célèbres, le peintre oublié. Pas de personnalité exacerbée ni de légende fabriquée pour encombrer la vue et l'appréciation du spectateur.

Dans ce contexte, la rétrospective que présente le Musée des beaux-arts tient admirablement son pari, tant dans la forme que le contenu. Sobre, la scénographie n'en est pas moins fascinante. Du noir partout: les murs, les accessoires, un chevalet, des fleurs. Une esthétique moderne qui fait littéralement sortir les oeuvres de l'ombre.

 

Belle idée aussi que cette mise en bouche qui met en évidence quelques toiles de la collection du MBAM, signées par des contemporains de Waterhouse.

Le parcours chronologique nous amène ensuite des oeuvres de jeunesse et la peinture d'histoire à sa réelle et profonde passion pour la figure féminine, le visage surtout, beau et mystérieux, ensorcelant. C'est là qu'il nous subjugue et nous émeut avec ces femmes que, souvent, on souhaiterait consoler.

Elles vivent parfois des drames dont on ignore la teneur exacte puisque leur regard se perd hors du cadre et de notre entendement. C'est le cas de sa Mariamne et de sa Cléopâtre, de ses Circé et, évidemment, des quatre Lady of Shallot, présentées ensemble uniquement à Montréal.

La version la plus connue du plus célèbre des tableaux de Waterhouse crée une tension palpable en montrant la dame au regard affligé dans une barque qui n'ira nulle part, sinon vers la mort elle-même.

Thème romantique par excellence, la nature - eaux dangereuses et végétation luxuriante - reste omniprésente chez Waterhouse et est bien utilisée par la mise en scène théâtrale - rideaux, colonnes et projections lumineuses sur le plancher - des quelque 80 oeuvres.

Une salle évoque l'atelier de l'artiste, une autre montre ses écrits et des esquisses qui nous font comprendre tout le chemin parcouru par l'artiste, des premiers traits dessinés jusqu'à la luminosité exceptionnelle des toiles terminées.

En point d'orgue, les commissaires ont placé Sainte Cécile. Assoupie ou rêveuse, la belle est ailleurs. Et nous avec elle.

J.W. Waterhouse. Le jardin des sortilèges est présenté jusqu'au 7 février 2010 au Musée des beaux-arts de Montréal.