Il aura fallu attendre ses 75 ans pour que Brigitte Bardot, sex-symbol qui dynamita la société française de l'après-guerre, fasse l'objet d'une première exposition organisée à Boulogne-Billancourt, ville des anciens studios de cinéma.

L'événement passe en revue les «années insouciantes» de BB au cinéma mais aussi ses audaces, comme d'avoir pris la liberté de tourner le dos au 7e art à 39 ans pour se consacrer aux animaux. Bardot, qui a refusé pour l'occasion d'être photographiée ou filmée, aborde sans nostalgie mais avec fierté cet événement monté par le journaliste Henry-Jean Servat, ami intime de la star et commissaire général de l'exposition.

«J'ai connu ces temps derniers, une longue traversée du désert pendant laquelle j'ai été boycottée et maltraitée. S'il y a donc, aujourd'hui, une autre façon de me considérer, tant mieux!», lui a-t-elle dit dans une interview à Paris Match.

«On m'a dit raciste et fasciste, ce qui est totalement faux», ajoute celle qui a été condamné plusieurs fois pour incitation à la haine envers la communauté musulmane.

Mais, sur 900 m2, jusqu'au 31 janvier, l'Espace Landowski ne s'intéresse qu'au mythe Bardot qui se met à nu dans une scénographie chronologique, à travers 17 de ses films les plus célèbres, entraînant le visiteur dans la vie tumultueuse de l'actrice et de ses «scandales» qui ont contribué à la libération de la femme et des moeurs.

«On ne découvre pas seulement Bardot: on découvre aussi une époque, celle de la France des années 50 (...) On comprend d'autant mieux pourquoi BB a changé les codes de la morale», explique à l'AFP Henry-Jean Servat.

«Nous racontons ici l'histoire d'une femme qui chercha sans cesse à dompter son époque en faisant toujours suivant ses désirs et ses envies», ajoute-t-il devant des citations de Simone de Beauvoir, de Marguerite Duras ou Françoise Sagan sur BB.

Plus de 1.000 photos, affiches, extraits de films et de documentaires, et objets personnels dont sa célèbre robe de mariée en Vichy rose et son Harley-Davidson à ses initiales, sont présentés pour la première fois grâce à une mobilisation d'envergure des studios de films, de la Cinémathèque Française, des agences photographiques, etc...

Il y aussi les amis très proches dont Alain Delon et G-nter Sachs, l'un de ses ex-époux qui a prêté deux portraits de BB signés Andy Warhol, jamais exposés en public.

«Brigitte a tout vendu depuis 30 ans au profit de sa fondation pour les animaux. Il y a un an, nous n'avions rien à montrer», rappelle Henry-Jean Servat.

Bardot raconte d'ailleurs ne revoir aucun de ses anciens films. «Je ne suis pas comédienne pour un rond. En fait, je vivais ce qu'on me demandais d'interpréter», explique-t-elle à Paris Match.

Pour la première fois, des films de famille révélant l'actrice bébé sont dévoilés, ainsi que ses diplômes de danse classique, sa première passion.

Un peu plus loin, après que «Dieu eut créé la femme», le visiteur suit les amours de Bardot, «amazone solaire et Don Juan au féminin», qui a pris dans ses griffes Roger Vadim, Samy Frey, Jacques Charrier, qui lui donna un fils, Serge Gainsbourg, Gilbert Bécaud ou encore Jean-Louis Trintignant.

Quelques films plus loin, ambiance «Coquillages et Crustacés» et direction la Madrague, la propriété de Bardot qui a fait Saint-Tropez, avec un petit détour par le bureau reconstitué du maire où trône le buste de BB élevée au rang de Marianne de la République.

Sur le thème de «Babette s'en va-t-en guerre», le combat de la star pour la cause animale avec des images de torture et de maltraitance, clôt l'exposition. Brigitte Bardot l'a voulu ainsi. Sa seule exigence.