Une sculpture inédite de l'artiste Armand Vaillancourt sera dévoilée ce jeudi, sur la terrasse du bar le Saint-Sulpice. Cette «inauguration» vise à marquer les 30 ans du célèbre bar de la rue Saint-Denis, ainsi que le 80e anniversaire du sculpteur, un des grands artistes québécois du dernier demi-siècle.

L'oeuvre, qui date de 1974, est une grande pièce abstraite en fonte pesant près d'une tonne, ancrée sur un pivot, avec une base de six pieds de profondeur. Maurice Bourassa, fondateur du Saint-Sulpice souhaite en faire la «pierre d'assise» de son établissement pour les 30 prochaines années.«Armand Vaillancourt va partir, mais sa sculpture va rester. Moi je vais partir, mais le Saint-Sulpice va rester. Avec cette pièce, je vise la pérennité», affirme Maurice Bourassa.

Fait à noter: Vaillancourt ne lui avait jamais donné de nom. Un concours sera donc lancé parmi la clientèle du bar, afin de lui en trouver un. «Il faut bien s'amuser un peu» lance l'artiste, joint au téléphone.

Pour la petite histoire, l'oeuvre en question n'avait jamais quitté l'atelier de l¹artiste. Elle correspond, dit-il, à une période précise de sa carrière.

«C'était l'époque de mon retour de Californie. La même époque où j'ai fondé le Front commun des travailleurs et travailleuses culturels», résume-t-il.

Et le fait d'être exposé dans un débit de boisson? Pourquoi pas, répond-il en substance. «Les bars, faut pas cracher sur ça. C'est comme la nourriture». Un visage célèbre Pilier de la sculpture moderne au Québec, Armand Vaillancourt a passé les 60 dernières années à conjuguer art et militantisme, par des oeuvres parfois monumentales, les plus célèbres étant L'arbre de la rue Durocher (aujourd'hui au Musée national des beaux-arts du Québec), la fontaine Québec Libre! de San Francisco (bénie par Bono, de U2) et El Clamor, créée en République Dominicaine. Son franc-parler et sa flamboyance en ont fait, sans doute plus que d'autres, un des visages les plus célèbres de l¹histoire de l'art québécois.

Maurice Bourassa, pour sa part, a fondé le Saint-Sulpice en 1980, afin d'offrir un point de chute aux étudiants de l'UQAM. Parti du rez-de-chaussée, l'établissement se déploie aujourd'hui sur quatre étages, avec cinq entrées distinctes répartie sur trois rues différentes, et compte jusqu'à 150 employés pendant la saison estivale.

Mécène à ses heures, M. Bourassa n'en est pas à ses premières collaborations avec Vaillancourt. Dans les années 80, les deux hommes avaient notamment organisé un concours de sculptures sur glace sur la terrasse du bar.

Certains morceaux de sa collection (Serge Lemoyne, Edith Croft, Robert

Desautels) sont par ailleurs exposés en permanence au Saint-Sulpice.

M. Bourassa a également créé le Prix de poésie du Saint-Sulpice avec la revue Estuaire, ainsi que deux bourses avec Pierre-Luc D'Orsonnens, destinées aux espoirs en arts visuels et en sciences politiques.