Avec l'exposition CHALO! India des oeuvres de 27 artistes indiens, le musée Essl à Klosterneuburg, près de Vienne, propose depuis mardi soir et pendant deux mois, l'une des plus grandes collections jamais présentées d'art contemporain indien.

«Nous vivons une époque très excitante: l'art contemporain indien frappe le monde par son côté vibrant et robuste, et les défis sont immenses pour les artistes», s'est enthousiasmée Reena Saini Kallat, originaire de Delhi. Avec plus d'une vingtaine de ses homologues elle expose ses «mises en scène» pour faire comprendre notamment les liens complexes entre musulmans et hindous.

Les plus de 100 oeuvres, exposées sur 2000 m2 de ce musée près de la capitale, ont été choisies et rassemblées par Akiko Miki, du musée Mori de Tokyo. «J'ai appelé cette exposition Chalo», c'est parti en hindi, pour souligner cette créativité nouvelle, cette énergie de l'Inde», a expliqué la conservatrice.

Dès le transport en autocars pris d'assaut pour l'inauguration, les quelque 1500 visiteurs étaient immédiatement plongés dans la torpeur de l'Inde. Parmi les invités, le président autrichien Heinz Fischer a rappelé que son pays célébrait cette année 60 ans de relations diplomatiques avec l'Inde.

Dès l'entrée, le visiteur est accueilli par une sculpture d'éléphant grandeur nature et couché, métaphore de l'Inde surnommée «l'éléphant éveillé» et recouvert de millions de bindis, ces marques circulaires que les Indiennes s'impriment sur le front. L'artiste Bharti Kher a donné ici à ces bindis la forme de spermatozoïdes.

L'urbanisation, les nouveaux modes de vie, la spiritualité, les contradictions de ce pays de plus d'un milliard d'habitants, forment la toile de fond de l'exposition.

L'effervescence à l'ouverture de l'exposition et les prix des oeuvres donnent la mesure de la croissance du marché émergeant de l'art indien, étouffé un temps par son voisin chinois.

«Le mouvement de fond a commencé il y a 10 ans, mais depuis deux ans, tout va très vite pour nous», a noté Tushar Joag, artiste de Bombay. «À Milan récemment je n'en revenais pas de voir le nombre de personnes suivant mon travail là-bas», a ajouté Reena Saini Kallat, dont les oeuvres se vendent autour de 50 000 dollars (près de 35 200 euros).