Connaissez-vous la tortue Koopa, le gorille Koko ou encore les éléphants Nappakhao et Sela? Ce ne sont pas des héros de dessins animés, mais bien des artistes peintres de réputation internationale dont les oeuvres ont été réunies dans l'exposition Animal House: OEuvres d'art réalisées par des animaux, présentée à la Galerie Saw d'Ottawa.

«C'est assurément le projet le plus fou sur lequel j'ai travaillé!» lance d'emblée le commissaire de cette exposition inédite, Stefan St-Laurent. Ce dernier travaille depuis deux ans à la mise sur pied d'Animal House, qui a pris l'affiche la semaine dernière. «Je me suis d'abord intéressé à l'exploitation des animaux, plus particulièrement à la peinture réalisée par des éléphants et des orangs-outans. Je n'y croyais pas trop au début», explique celui qui a rassemblé des oeuvres créées par une dizaine d'espèces animales.

 

L'exposition Animal House est divisée en trois volets. Le premier pose un regard critique sur la commercialisation de l'art animal, une pratique popularisée dans les années 80. Afin de financer leurs activités, plusieurs zoos et parcs de conservation ont entraîné des éléphants à créer des tableaux qui étaient par la suite vendus au plus offrant.

Le marché de l'art animal génère des profits de l'ordre de 100 millions annuellement. Les artistes russo-américains Komar et Melamid, fondateurs d'académies d'art pour éléphants en Thaïlande et en Indonésie, ont d'ailleurs récemment prédit que l'art animal allait concurrencer l'art humain.

Stefan St-Laurent cite l'exemple de Ruby, une éléphante peintre de Phoenix, aujourd'hui décédée, qui a rapporté plus de 100 000$ par année aux administrateurs de son zoo. «L'art animal est devenu une nouvelle façon d'exploiter les animaux. Ça soulève plusieurs questions éthiques et philosophiques», estime le commissaire.

L'art naturel

La deuxième portion de l'exposition est consacrée à l'art animal, tel qu'observé dans son état le plus naturel. Photographies, reproductions de nids d'oiseaux dignes de grandes oeuvres d'art et vidéos lèvent le voile sur l'expression artistique animale.

L'exposition donne aussi la parole à des artistes en arts visuels qui collaborent avec leur animal de compagnie. Des partenariats artistiques parfois accidentels, mais dont les résultats sont pour le moins étonnants. C'est dans cette catégorie que le public pourra découvrir la talentueuse tortue Koopa, qui peint ses toiles en glissant sur la peinture disposée par son maître.

«Ces collaborations démontrent que l'art animal peut être pratiqué et encouragé avec une certaine éthique, et ce, dans le respect des animaux», poursuit Stefan St-Laurent.

De nombreux «artistes» canadiens alimentent d'ailleurs ce segment de l'exposition. C'est le cas de l'éléphante Kamala du zoo de Calgary, qui ne peint que lorsqu'elle a envie de jouer avec ses pinceaux, ou encore de Garry-Lewis James Osterberg, un chihuahua de Toronto.

Afin de mieux servir les familles et les animaux domestiques (admis avec collier et laisse), les tableaux d'Animal House sont accrochés plus bas, question de permettre aux enfants de mieux apprécier les coups de pattes et de griffes des animaux-artistes.

Les animaux de compagnie seront aussi invités à créer une petite oeuvre d'art en souvenir de l'exposition. Peinture non-toxique et piscine pour nettoyer les pattes seront à la disposition des animaux et de leurs maîtres. «Nous invitons la famille au sens large du terme!» lance en riant Stefan St-Laurent.

L'admission à l'exposition est gratuite, mais une contribution volontaire est suggérée.

À l'affiche jusqu'au 26 septembre. Galerie SAW, 67 Nicholas Street, Ottawa. (613) 236-6181