Comme c'était le cas avec Imagine, la ballade de John et Yoko pour la paix, le Musée des beaux-arts a tenu à faire un geste, cette fois en faveur de l'environnement, en présentant l'exposition Frédéric Back, une nature témoin à partir du 18 juin prochain.

Présentée en parallèle à Grandeur nature, qui réunit 200 oeuvres décrivant les paysages canadiens et américains, cette prise de position correspond aux valeurs du Musée, affirme sa directrice, Nathalie Bondil.  

«Frédéric Back est véritablement un homme en colère, dit-elle. Une personne qui n'est pas blasée et qui a mis son art au service de sa cause. Pourtant, il aurait pu décider de ne plus rien faire et se reposer sur ses oscars. C'est tout à son honneur.»

 

Fidèle à lui-même, l'artiste de 85 ans se présente modestement comme un «chaînon dans une longue chaîne» de défenseurs de l'environnement. Le cinéaste et peintre dit avoir «fait de son mieux» au cours de sa vie pour donner une vision autre que celle de «l'enrichissement à tout prix».

 

L'exposition du MBAM regroupe plus de 80 oeuvres, dessins, gouaches et extraits de films, dans une salle attenante à une partie de la collection du musée portant sur les oeuvres des membres du Groupe des Sept.

 

«C'est une renaissance, de s'exclamer M. Back lors de la visite de l'exposition avec La Presse. Être présenté dans ce cadre, ça dépasse tout ce dont j'ai pu rêver.»

 

Le commissaire de cette présentation fort élégante, Richard Gagnier, a séparé gouaches et dessins d'acétates magnifiques qui ont servi à la préparation des films inoubliables de Frédéric Back comme L'homme qui plantait des arbres et Le fleuve aux grandes eaux.

«L'animation lui a permis de diffuser à grande échelle ses idées, estime M. Gagnier. Il est un témoin de la nature vertigineuse. Il a toujours eu ce grand respect pour ce qu'elle est.»

 

Une oeuvre inédite accompagne aussi l'exposition, un tableau extrêmement sombre, L'horreur boréale, clin d'oeil à Richard Desjardins, se voulant aussi un cri du coeur tout aussi percutant contre l'abattage éhonté des arbres.

 

«C'est en revenant d'un voyage au Japon en 1998 que j'ai aperçu dans les Rocheuses des zones de coupe à blanc à grande échelle, raconte l'artiste. C'est criminel. Cette vision me hantait. La stupidité n'a pas de limite.»

 

Travaillant avec sa fille Suzel, Frédéric Back ne s'arrête pas là. Sur l'Internet et avec Facebook, leurs actions continuent et ils invitent les visiteurs de l'exposition à appuyer leurs efforts incessants dans la lutte contre «l'inconscience et l'indifférence» en se joignant à la Société de l'homme qui plantait des arbres.