La galerie DHC/ART nous présente une autre passionnante artiste internationale de renom avec Particules de réalité, de la vidéaste Michal Rovner, qui vit et travaille entre New York et une ferme en Israël.

Insaisissable, Michal Rovner. On pourrait la décrire comme une scientifique qui joue à être Dieu, une philosophe aimant hypnotiser les spectateurs ou encore une chorégraphe curieuse de la nature humaine.

«Qui ne veut pas jouer à être Dieu? J'aime jouer à être Dieu. J'aimerais être Dieu. J'ai quelques idées ou idéaux de changement. Mais je n'ai pas besoin du titre», dit-elle, rieuse, en entrevue à La Presse.

«Comme artiste, poursuit-elle, afin d'interagir avec le monde, il faut être curieux et ressentir le besoin de changer les choses. Chaque individu possède une part de divin en lui, la possibilité de détruire et de créer. Plusieurs personnes sont intimidées par cette possibilité, mais c'est un désir naturel pour tous.»

Sur différents supports - pierre, papier, boîtes de Pétri, murs, écrans - Michal Rovner projette des images de minuscules petits humains qui bougent dans toutes les directions, s'entremêlent, semblent danser, se suivent, s'éloignent, marchent ou courent.

Tout chez elle dépend du point de vue. Son regard sur l'humanité provient d'une tour d'observation où, parfois surprise, parfois amusée, elle s'approche et s'éloigne du sujet.

«Je pense que c'est le rôle de l'artiste de donner au spectateur un nouveau point de vue, dit-elle. L'art offre la possibilité de créer une ouverture d'esprit chez le spectateur à propos d'un sujet qu'autrement il préférerait éviter. Et changer de point de vue est peut-être la plus importante habileté de l'être humain.»

Journalisme?

À certains égards, ce processus fait penser au travail journalistique, mais Michal Rovner s'intéresse davantage aux patterns de la vie humaine qu'aux événements précis. Faisant penser aux films de Busby Berkeley dans les années 30 et 40, ses chorégraphies filmées en plan aérien et éloigné n'utilisent pas de vrais danseurs et les mouvements ne possèdent pas de signification.

Mais l'observation «scientifique» de l'artiste n'est pas exempte d'intérêt sociologique. C'est la condition humaine qui la motive.

«Il y a en filigrane des événements de la vie courante, note-t-elle. Par exemple, je crois que le pétrole est le héros mythologique de notre époque. Il a un pouvoir politique, économique, écologique. Dans Fields of fire (oeuvre présentée à Paris en 2005), j'en traitais de façon abstraite, mais c'était une part de l'oeuvre.»

Michal Rovner ne croit pas que son travail reflète le désespoir du monde pour autant, même si Time Left, une murale vidéo créée après le 11 septembre 2001, montre des files et des files de petits humains en route vers l'inconnu.

«La tristesse transparaît peut-être plus que je ne le crois, avoue-t-elle. Mais ce n'est pas émotif, à mon avis. C'est un reflet de ce qui se passe.»

Une beauté étrange se dégage des lignes tracées par les mouvements de ses insectes humains. Mais, encore une fois, l'intention de l'artiste est ailleurs.

L'esthétique

«La beauté laisse froid, explique-t-elle. L'esthétique est un courant très fort qui peut toucher mentalement et émotionnellement. L'esthétique est une forme de communication. Le style, c'est calculé, mais l'esthétique possède sa propre vie. Ça doit être compris, mais en même temps, ça reste indéfini.»

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Michal Rovner croit à l'énergie de l'art, inscrit dans une sorte de continuum infini.

«Mon souhait, dit-elle, c'est que les gens sortent de l'exposition en sentant à nouveau qu'ils comprennent qu'ils peuvent changer les choses. La vie est très fragile. Si vous ressentez quelque chose pour quelqu'un, quel qu'il soit, j'aurai réussi.»