Le Musée du Château Dufresne, situé dans l'est de Montréal, expose actuellement toute une série objets représentatifs du patrimoine funéraire des Québécois: croix de cimetière en fer forgé, stèles funéraires, petit catafalque blanc d'enfant et même un corbillard qui devait, à l'époque, être tiré par des chevaux.

Mais le tout n'a rien de morbide, assure le commissaire chargé de l'exposition, Stéphane Chagnon. Intitulée Le patrimoine funéraire, un héritage pour les vivants, l'exposition met l'accent sur les aspects historiques, ethnologiques et culturels des cimetières du Québec, des rites funéraires du 19e siècle et de l'art funéraire, explique-t-il.

Certains des monuments funéraires exposés, datant de 1890, sont de véritables oeuvres d'art, souligne M. Chagnon.

On a notamment recréé la chambre d'un mourant, comprenant tous les objets qui s'y seraient trouvés en 1890 - crucifix, cierges, statue de Saint-Joseph, patron des agonisants, et une horloge murale, dont les aiguilles étaient stoppées à l'heure du décès.

Avant 1960, quand une personne était à l'article de la mort, les gens s'occupaient d'elle dans sa maison. Après le décès, la dépouille restait sur place, rappelle M. Chagnon. Les membres de la famille venaient rendre un dernier hommage au disparu, et la veillée funèbre pouvait se prolonger pendant trois jours.

L'exposition, qui a bénéficié du travail de l'ethnologue Jean Simard et du photographe François Brault, explore aussi la façon dont les différentes confessions religieuses traitaient leurs morts dans les années 1800.

Une des pièces maîtresses de l'exposition est un corbillard noir hippomobile, sur patins d'acier, utilisé pour des enterrements l'hiver entre 1880 et 1920. Les corbillards étaient plus ou moins richement ornés selon la classe sociale à laquelle appartenait le disparu. «Plus la personne était aisée, plus le corbillard était ornementé. Il était aussi plus haut», note M. Chagnon.

L'exposition se poursuit jusqu'au 30 août au Musée du Château Dufresne, situé près du stade olympique.