«Dis, c'était quoi la RDA?» A travers les témoignages authentiques d'enfants ayant grandi sous le régime communiste, une exposition à Berlin tente d'expliquer aux petits Allemands d'aujourd'hui la réalité quotidienne d'un pays qu'ils n'ont jamais connu.

Le «rêve» socialiste, l'enthousiasme des «jeunes pionniers», la condition de la femme, mais aussi l'interdiction de voyager, le Mur, la Stasi, la répression: pour la première fois, une exposition interactive, organisée alors que l'Allemagne fête cette année le 20e anniversaire de la chute du Mur de Berlin, tente d'expliquer ces thèmes complexes aux enfants.

Installé dans un centre de loisirs qui fut le «Palais des pionniers» à l'époque du Berlin-Est communiste, le projet entend combler un «vide» pour une génération «qui n'est pas du tout confrontée à ce thème», explique Birgit Brüll, sa conceptrice.

Pour les écoliers, la visite commence par une discussion avec la guide de l'exposition, Pia Grotsch. «Nous allons parler d'un pays qui n'existe plus. Un pays qui voulait faire le bonheur de tous ses habitants: la RDA. Connaissez-vous quelqu'un dans votre famille qui a vécu dans ce pays?"

Parmi les enfants, venus d'une école du centre de la capitale, plusieurs doigts se lèvent: «Ma mère y a grandi», avance une petite fille de 10 ans. «Moi, c'est mon papa et ma mamie», renchérit un de ses camarades. Certains élèves ne savent pas répondre. Un garçon croit savoir que son grand-père «s'est sauvé à l'Ouest en moto».

Les visiteurs sont ensuite invités à chercher, à travers l'exposition, des éléments sur la vie quotidienne ou les aspirations de huit enfants ou adolescents de la RDA, dont la vie est évoquée à partir de leurs (authentiques) journaux intimes, rédigés entre 1976 et 1987.

Uwe, 13 ans en 1976, est ainsi un «pionnier» convaincu. Katrin, 12 ans en 1984, s'indigne que l'un de ses proches ait demandé à quitter le pays pour passer à l'Ouest.

A l'inverse, Angela, une «punk» âgée de 16 ans en 1981, est arrêtée par la police politique et passe sept semaines en prison pour avoir diffusé un poème de sa composition. Elle y critique les «torts» du système «où le seul passe-temps est le travail». Les jeunes visiteurs peuvent feuilleter son dossier établi par la Stasi, et jeter un oeil dans sa cellule (reconstituée).

Un peu plus loin, les enfants prennent place dans un petit avion factice. Sur le tableau de bord, ils choisissent une destination en pressant sur un bouton. Pour Moscou ou Budapest, une voix synthétique leur répond: «Attachez votre ceinture». Mais pour Paris ou Dublin, la voix marmonne: «vous n'êtes pas autorisés à quitter le pays».

Chaque activité thématique est accompagnée de panneaux explicatifs, où les aspects négatifs du régime sont évoqués sans détours. Le socialisme est ainsi décrit comme «une grande promesse», «un rêve», «une tentative de répartir les choses de manière différente, plus juste. Mais ça n'a pas fonctionné».

Sur la démocratie, les enfants apprennent que «les gens en RDA ne choisissaient pas leur gouvernement, ils ne pouvaient en élire aucun autre», et que le parti au pouvoir «co-décidait» du contenu des journaux, lesquels «ne devaient pas parler des problèmes du pays».

Après une heure et demie de découvertes, Zacharie, 9 ans, est arrivé à la conclusion que «la RDA, elle s'est arrêtée parce que les gens ils voulaient pas que ça continue». «Mais tout n'était pas mauvais non plus».

Pour la conceptrice de l'exposition, qui a elle-même grandi en RDA, il était indispensable d'aborder les aspects négatifs du pays communiste, pour amener les enfants à «comprendre pourquoi ce pays n'existe plus», et aussi «à saisir ce que signifie la démocratie».

«C'est seulement en comparant qu'ils peuvent comprendre à quel point ce que nous avons aujourd'hui est formidable».