Pour célébrer son 25e anniversaire, le centre d'artistes Oboro donne une grande fête, aujourd'hui, à laquelle tout le monde est invité. La grande salle a pris des allures de jardin où l'on peut flâner en prenant le thé, assis sur des bancs au milieu d'un îlot de plantes vertes, et écouter les oiseaux chanter. Sur les murs, une centaine d'oeuvres sont exposées. À vous de miser, à compter de 17h.

Daniel Dion est intarissable, et quasiment lumineux, quand il parle du centre d'artistes que Su Schnee et lui ont fondé il y a 25 ans et auquel ils ont donné le nom d'Oboro, inspiré du terme oroboros, le serpent-dragon qui se mord éternellement la queue. Il faut dire que le centre a multiplié ses tentacules en 25 ans et qu'une visite des lieux donne envie de féliciter le couple pour son beau travail.

 

Oboro est installé depuis 15 ans dans ce qui fut, à la fin des années 40, une salle de montre de voitures, puis la première école de conduite automobile au Québec, l'école Lauzon. Le 4001, rue Berri, au sud de la rue Duluth, a accueilli par la suite une manufacture de valises. C'est aujourd'hui un des centres les plus importants de créativité à Montréal.

«Nous allons célébrer la créativité», dit Daniel Dion, qui a fait appel à une centaine d'artistes pour sa campagne de financement, parmi lesquels on retrouve Irene Whittome, par exemple, ou Linda Covit, Robert Deschênes, Pierre Dorion, Diane Obomsawin, Martha Townsend...

«Oboro est une expérience vivante, transculturelle», poursuit le directeur en nous faisant faire le tour des lieux. Impressionnant! Il y a là au troisième étage, puis dans une partie du deuxième, un ensemble de salles munies d'équipement de pointe dans tout ce que l'on peut imaginer d'arts «médiatiques». Salle d'enregistrement, de régie, salle de tournage de films ou de vidéos, ateliers de travail, et une chambre d'ami... Une enfilade de pièces presque toujours insonorisées et artistiquement aménagées. Actuellement, l'artiste en résidence vient de Vancouver. Bryan Mulvihill, alias Trolley Bus, est un calligraphe et un spécialiste des cérémonies du thé. Il a fondé le World Tea Party qui lui fait parcourir le monde depuis 40 ans. C'est lui qui fera le service aujourd'hui, pendant la fête. Il donnera aussi une conférence le mercredi 22 avril à 17h30, en anglais; questions et réponses dans les deux langues officielles.

Oboro compte 11 employés à plein temps ou à temps partiel. Parmi eux, quelques ingénieurs ou techniciens spécialisés. «Ils gagnent moins de la moitié de ce qu'ils pourraient toucher dans le secteur privé, mais ce sont des artistes, ils sont là pour créer», explique Daniel Dion. Le budget de fonctionnement d'Oboro tourne autour de 750 000$ par année. Le centre d'artistes organise une cinquantaine d'activités par année: rencontres, expositions, conférences, cours de formation technique, ateliers pour petits, ou grands, etc. Quand l'équipement n'est pas utilisé par Oboro, il est à la disposition des membres (il y en a environ 150) pour un coût réduit par rapport à d'autres studios.

Oboro est une caverne d'Ali Baba électronique, en plein coeur du Plateau. Entourée de voisins du même genre, entre autres, la galerie Dazibao et le Regroupement des artistes en arts visuels.

Oboro fait la fête aujourd'hui jusqu'à 23h, moment où l'encan silencieux, commencé à 17h, prendra fin. L'exposition se poursuit sur deux semaines et le dernier samedi, le 2 mai, vers 15h, on ira planter un arbre au parc LaFontaine, un marronnier glabre. Le samedi précédent, le 25, c'est le jour des enfants. Beaucoup d'autres événements, soutenus par divers commanditaires, sont prévus. On se renseigne sur www.25.oboro.net

Le 25e printemps d'Oboro, du 18 avril au 2 mai, 4001, rue Berri, 3e étage. Ouvert du mardi au samedi, de 12h à 17h. Entrée libre.