Simon Blais a rassemblé dans sa galerie une vingtaine d'oeuvres de Guido Molinari (1933-2004), peintre haut en couleur qui a marqué son époque par la cohérence de sa démarche picturale et l'abondance de ses paroles. Oeuvres souvent dignes d'un musée.

Simon Blais est non seulement un homme charmant, mais aussi un conteur fascinant. Il a toujours quelque anecdote savoureuse à raconter. Cette fois, sur Guido Molinari - un des peintres les plus importants au Canada - et ses amoureuses éperdues. Ce qui ne l'empêche pas de parler aussi, sérieusement, de la démarche de ce plasticien dont il présente plusieurs oeuvres jusqu'au 24 janvier.

 

On soupçonne Molinari d'avoir exploré scientifiquement les effets des couleurs qui, placées les unes à côté des autres, changent selon la couleur de leurs voisines ou la place qu'elles occupent dans l'espace du tableau. Selon Moli, comme l'appelaient ses amis, sa démarche était moins scientifique qu'instinctive. Mais l'effet reste le même. comme les visiteurs peuvent le constater à la galerie du boulevard Saint-Laurent, située dans les hauteurs de la rue Fairmount où se trouvent aujourd'hui un grand nombre de centres d'artistes.

Ceux qui méditeront assez longtemps devant un tableau aux barres verticales, ou un autre rempli de petits cubes de couleurs primaires, finiront par voir bouger les couleurs, ne plus savoir ce qu'ils voient et, même, verront «brun», les couleurs se confondant les unes dans les autres.

La majorité des oeuvres exposées sont des peintures, de diverses époques. Elles appartiennent, pour la plupart, au fils de l'artiste, Guy. Tableaux et dessins qui remontent aux années 50 quand le jeune Molinari travaillait à la manière des automatistes, jusqu'à de grandes toiles de la fin des années 90 où il semble faire un clin d'oeil à Piet Mondrian, un peintre qui a marqué les artistes américains des années 50.

On peut dire qu'après avoir trouvé sa voie, à partir de 1959, Molinari restera, pendant 40 ans, fidèle à lui-même: seulement des couleurs - parfois une seule - et des formes géométriques «hard edge» (proprement découpées grâce au ruban-cache, «masking tape»). La galerie présente aussi quelques dessins à l'encre du début des années 50 et des sérigraphies d'oeuvres plus récentes. Bref, un ensemble d'une belle qualité. Le fils, qui avait à choisir un certain nombre de tableaux parmi ceux que laissait son père à la Fondation Molinari, à sa mort, avait l'oeil juste. L'exposition est accompagnée d'un petit catalogue présenté par Gilles Daigneault, directeur de la Fondation.

Guido Molinari et la couleur: Peinture 1954-1999 amorce une année spéciale pour la chic galerie de Simon Blais, son 20e anniversaire placé sous le signe de la rencontre. Au programme, dès janvier: lancement du prix Sylvie et Simon Blais pour la relève en arts visuels, un prix destiné à un étudiant en maîtrise d'une université québécoise choisi par un jury d'experts. En plus d'une bourse, l'étudiant aura droit à une exposition chez Simon Blais. Les dossiers des candidats intéressés doivent être envoyés d'ici le 27 mars.

Guido Molinari et la couleur, à la Galerie Simon Blais (5420, boulevard Saint-Laurent), jusqu'au 24 janvier. Entrée libre.