La France «en grève», la Grande-Bretagne effacée de la carte de l'UE, les Pays-Bas noyés sous les flots dont ne dépassent que quelques minarets: la présidence tchèque de l'UE expose à Bruxelles les «préjugés» associés aux 27 pays de l'Union européenne.

«C'est la première fois qu'une installation d'une présidence de l'UE provoque le débat», s'est réjoui lundi Jan Vytopil, responsable des événements culturels de la présidence tchèque de l'UE, alors que des dizaines de fonctionnaires et journalistes commentaient l'exposition.Chaque présidence de l'UE installe à ses débuts une oeuvre d'art dans le hall du bâtiment du Conseil, où ont lieu les sommets européens et les conseils des ministres.

La République tchèque a elle demandé à un artiste de chacun des 27 pays de représenter les stéréotypes ou préjugés contre son propre pays.

«Les stéréotypes sont des barrières qu'il faut faire tomber», expliquent les Tchèques, qui ont choisi comme slogan de leur présidence «L'Europe sans barrières».

Résultat: une exposition baptisée Entropa qui provoquait lundi matin rires et interrogations.

Par exemple, la Pologne de l'artiste Leszek Hirszenberg est représentée par une imitation de la célèbre photo de soldats plantant un drapeau américain sur une colline lors de la bataille d'Iwo Jima: les soldats sont remplacés par des prêtres en soutane qui lèvent le drapeau arc-en-ciel de la communauté gaie.

Le territoire de la Bulgarie est recouvert par des toilettes à la turque. «Cela énervera beaucoup de monde, c'est ce qui m'intéresse d'ailleurs, provoquer le scandale, notamment chez nous», a expliqué l'auteure Elena Jelebova, revendiquant un acte «primitif et vulgaire, scatologique».

Cinq minarets émergent des flots qui recouvrent les Pays-Bas.

L'Italie se transforme en un terrain de soccer géant sur lequel chaque joueur tient un ballon devant son sexe pour participer à un «système autoérotique», selon l'artiste Francesco Zampedroni.

Le Luxembourg est «à vendre», l'Espagne est totalement bétonnée. Quant à la Grande-Bretagne, réputée pour son euroscepticisme, sa place dans l'installation est tout simplement vide.

«Je crains que les pays concernés n'apprécient pas le sens de l'humour tchèque», a commenté un fonctionnaire européen en regardant l'installation.

«J'ai confiance en l'ouverture d'esprit de l'Europe et en sa capacité à apprécier un tel projet», a assuré le vice-premier ministre tchèque Alexandr Vondra dans un communiqué, voyant dans cette exposition une «preuve que dans l'Europe d'aujourd'hui, il n'y a pas de place pour la censure».

L'artiste tchèque David Cerny a lui décidé de faire défiler les citations «formidables et pertinentes» du controversé président tchèque Vaclav Klaus, qu'il veut «montrer au monde avec de la délectation dans l'âme».