Une forêt de parapluies qui respirent, une table sur patins de femmes dont la nappe est faite de carrés de blouses rigidifiés, des mandalas de bouteilles de plastique et des kilomètres de fils, de poulies et de moteurs pour animer un ensemble d'objets flottants indéfinissables... Diane Landry fait preuve d'une inventivité remarquable. Au Musée de Joliette jusqu'au 4 janvier 2009.

Mercredi dernier, le Musée de Joliette était très animé. D'abord par des groupes de jeunes élèves qui n'en revenaient pas de voir ce qu'ils voyaient. Ensuite par les objets eux-mêmes qu'ils examinaient sous toutes leurs coutures et qui bougeaient de manière incongrue en émettant des sons étranges, comme s'ils étaient dotés de vie.

 

L'exposition rétrospective consacrée à Diane Landry, l'une des artistes les plus en vue de sa génération (jeune quarantaine) s'intitule Les défibrillateurs. Le terme, choisi par la commissaire Ève-Lyne Beaudry, convient bien à ces objets mouvants, et émouvants, que l'artiste fabrique depuis une quinzaine d'années. Devant ces 14 installations faites d'objets ordinaires que l'on ne reconnaît pas immédiatement - bouilloires, poêlons, bouteilles, matelas, laveuses électriques, plaques tournantes, clés, cuillères, petites lumières - le visiteur, adulte ou enfant, est ébahi.

Où va-t-elle chercher tout ça? Comment fait-elle pour que des parapluies jouent de l'accordéon tout en projetant des ombres étoilées au plafond? Comment obtient-elle cet effet de mandala sur les murs à partir de bouteilles de plastique vert ou transparent? D'où vient ce bruit scintillant de clochettes qui semble sortir du lit? Que cache cette nappe en papier brun qui bouge comme un fantôme? Et, diantre, comme dirait un amateur presque centenaire, où veut-elle en venir avec tout ça?

Sans doute y a-t-il chez elle un plaisir de détourner les objets domestiques de leur fonction réelle. De sortir le quotidien de sa platitude et de la servitude qu'il nous impose, et d'envoyer la monotonie tourner comme une toupie sur le tapis. Ou encore, de faire de la poésie avec les choses comme d'autres avec les mots.

Comme il s'agit d'une rétrospective, on peut mieux suivre l'évolution de la démarche de cette artiste multidisciplinaire qui vit à Québec et qui s'est aussi fait connaître par ses performances dont on voit des extraits dans un téléviseur. Il y en a une toute simple, qui donne une idée de l'univers particulier de Diane Landry. On la voit enrouler autour de son cou et de son visage un long foulard fait de dizaines de foulards tricotés à l'ancienne, jusqu'à ce qu'elle disparaisse, la tête grosse comme celle d'un orignal et se mette à marcher à l'aveuglette...

Chose certaine, on ne s'ennuie pas un seul instant et on peut passer des heures à tout décortiquer. Les mécanismes, complexes, ne sont pas cachés. Et comme le Musée d'art de Joliette n'est pas avare d'explications - il est même exemplaire en ce domaine - on n'a qu'à se fier aux affichettes pour savoir de quoi les objets sont faits et à quoi ils riment.

À une heure du centre-ville, ce musée, doté d'une collection et d'un beau dynamisme, vaut toujours le déplacement.

Note de Noël

Dans le hall d'entrée du Musée de Joliette, on a installé, pour le temps des Fêtes, Une crèche fabuleuse. Cette crèche fut construite par un sculpteur populaire étonnant, Philippe Roy, agriculteur et patenteux qui ne savait ni lire et écrire, mort en 1982.

M. Roy avait vécu une expérience traumatisante ayant causé la mort d'un fermier, il avait lui-même failli en mourir. S'il en sortait sain et sauf, avait-il promis au Seigneur, il allait faire une crèche en remerciement, et la ferait circuler partout où il pourrait.

C'est une crèche naïve et touchante, que l'artiste a mis 40 ans à fabriquer, où toutes sortes d'animaux de la ferme prennent place de même que les saints et saintes de circonstance. C'est fait avec beaucoup d'amour. Une crèche fabuleuse, acquise par le collectionneur Louis Bolduc, est considérée comme l'une des plus belles oeuvres d'art populaire du Québec.

Diane Landry, Les défibrillateurs, jusqu'au 4 janvier 2009, 145, rue du Père-Corbeil, à l'entrée de Joliette. Ouvert du mardi au dimanche, de midi à 17h. Entrée: 8$ adultes, étudiants 5$, enfants (6-12 ans) 4$. Infos: www.museejoliette.org