Le Centre canadien d'architecture présente jusqu'au 16 avril 2009 l'exposition Actions: comment s'approprier la ville. Près de 100 actions sont proposées au public. Un seul but: transformer la ville, améliorer la vie.

À Vienne, en Autriche, Hermann Knoflacher, ingénieur civil, déambule dans la rue avec un attirail lui donnant la taille d'une voiture. Des New-Yorkais font un repas gourmand dans les poubelles. À Milan, en Italie, des parapluies s'unissent pour former un abri. Des paniers de basketball poussent dans des aires de stationnement à Amsterdam aux Pays-Bas.

 

L'action est sociale, politique, artistique. Elle émane d'un citoyen, un groupe, un professionnel. Elle transforme la ville. Le CCA a fait un tour du monde virtuel pour les trouver et les exposer, 97 d'entre elles, à Montréal.

«Pour entreprendre l'année 2009, celle du 20e anniversaire, on voulait plus qu'une exposition, mais un grand projet qui démontre qu'on ne peut pas toujours régler les problèmes de la ville de la façon traditionnelle, du haut vers le bas. Plus de la moitié de la population mondiale vit en ville. On voulait donc proposer des actions dans le but d'améliorer notre environnement urbain», explique le directeur du CCA, Mirko Zardini.

La présentation démontre qu'il est possible de revitaliser la ville par le biais de pratiques comme la promenade, le travail, le jeu et le jardinage. Les divers objets, photos et documents de l'exposition abordent des problématiques bien réelles de la ville: surabondance, déchets, occupation et partage du territoire, frictions entre citoyens et institutions, transport, réaménagement.

Les actions citoyennes peuvent être pacifistes, ludiques, symboliques, pratico-pratiques ou du type guérilla. Exemple: la ville veut couper un arbre, des riverains y construisent une petite maison et s'y installent. «L'idée c'est de montrer qu'il y a un nouvel équilibre possible à établir entre les administrations municipales, les individus et les groupes, pense la commissaire Giovanna Borasi. L'exposition est centrée sur ce qui est, en fait, un changement de valeurs.»

Certaines expositions récentes du CCA, sur l'environnement ou le pétrole notamment, ont parfois péché par esprit didactique. Cette fois, M. Zardini et sa collaboratrice, Mme Borasi, ont réussi un équilibre parfait entre la réflexion proposée et les nombreux artefacts.

La réflexion se poursuit, par ailleurs, dans le catalogue de l'exposition avec une trentaine d'auteurs. Des documentaires seront également présentés et un site internet permet au public d'y aller de ses propres réflexions et suggérer des actions pour sa ville.

Montréal peut se réjouir de compter sur le Centre canadien d'architecture tel qu'il agit en ce moment, tel qu'il respire et réfléchit, tel qu'il suppose et propose. La métropole, dans son action sociale, culturelle et économique tirerait avantage de s'en inspirer.