Près de la moitié des oeuvres impressionnistes et modernes proposées aux enchères jeudi soir à New York n'ont pas trouvé preneur, et les responsables de Christie's ne cachaient pas leurs craintes que la crise financière ait plus d'impact sur le marché de l'art que les attentats de 2001.

Dans une salle bondée mais une ambiance morose, 85 lots étaient proposés, dont un Picasso aux accents surréalistes, Marie-Thérèse et sa soeur lisant (1934), qui a été adjugé à la hauteur de son estimation basse, 18 millions de dollars.

Au total, seuls 56 % des lots ont trouvé preneur, 11 % au-dessus de leur estimation dont un Livre, pipe et verres de Juan Gris (1915) vendu 20,8 millions de dollars, au-dessus de son estimation maximale.

Le président honoraire de Christie's Christopher Burge, qui menait les enchères, a poussé à plusieurs reprises des «Oh non!» accompagnés d'un sourire, en égrenant les lots invendus. «Nous sommes à l'évidence dans une période financièrement difficile pour le monde, je suis même étonné du niveau des ventes», a-t-il reconnu ensuite au cours d'un point de presse.

De nombreux lots ont été adjugés à leur estimation la plus basse. Un Pont d'Argenteuil et la Seine estimé entre 8 et 12 millions de dollars, est parti à 8,4 millions.

Une sculpture de Giacometti, Trois hommes qui marchent, s'est vendue 11,5 millions alors que l'estimation basse était de 14 millions, signe que les vendeurs ont nettement abaissé leur «réserve», le montant confidentiel concordé avec la salle des ventes, au-dessous duquel ils refusent de vendre.

Une Improvisation 3 de Vassili Kandinsky s'est également bien vendu à près de 17 millions de dollars.

«Beaucoup de marchands profitent de la situation pour acheter, mais le Juan Gris par exemple a été acheté par un particulier, il y a donc toujours beaucoup d'argent qui circule», a conclu Christopher Burge, qui a rejoint Christie's à la fin des années 1960 et a en a vu d'autres, notamment en 1991 et en 2001 après les attentats contre le World Trade Center.