Pointe-à-Callière passera l'hiver bien au chaud. Durant les cinq prochains mois, l'institution du Vieux-Montréal propose un voyage sur la «Côte riche», expression lancée par Christophe Colomb lui-même quand il a découvert le Costa Rica en 1502.

Jusqu'au 19 avril 2009, l'exposition présente 230 objets en céramique, jade, or et pierre du Costa Rica précolombien, soit de 500 ans avant notre ère jusqu'à Colomb. Cette présentation, organisée avec le Museo nacional de Costa Rica, est une première canadienne. La plupart des objets effectuent d'ailleurs leur premier voyage en dehors de leur pays d'origine.Cette exposition spéciale de Pointe-à-Callière provient d'échanges professionnels entre les archéologues Claude Chapdelaine, de l'Université de Montréal, et Ricardo Vasquez, du Musée de San José.

"Nous avons eu un projet commun il y a quelques années, a raconté M. Vasquez hier. Cette exposition montre que, bien qu'influencées par leurs voisines, les diverses cultures du Costa Rica ont créé de nouveaux styles d'expression. Il n'y a pas eu chez nous de culture dominante comme dans d'autres pays d'Amérique latine. Pour cette raison, on parle d'archéodiversité."

Surtout connu pour sa biodiversité, le Costa Rica a prêté au musée montréalais des pièces rares dans un état de préservation remarquable. Mentionnons, par exemple, un pectoral de jade mesurant 33 cm, des céramiques polychromes surprenantes ainsi que des sculptures en pierre et en or de toute beauté.

Également, la présentation comprend quelques sphères de pierre mystérieuses qui peuvent atteindre deux mètres de diamètre. Les experts sont incertains quant à leur raison d'être: calendrier, symboles de la lune, de dieux ou de pouvoir, marqueurs de territoire...

"Nous avons obtenu des pièces exceptionnelles grâce à la grande générosité du Museo nacional, a expliqué la directrice de Pointe-à-Callière, Francine Lelièvre. On connaît le Costa Rica parce que le pays possède la faune et la flore les plus riches au monde, mais on voulait rendre accessible sa culture fort méconnue."

Dans un parcours vert où l'on entend les bruits de la forêt, l'exposition tient compte de la chronologie, mais aussi de la géographie: région volcanique, savane et forêt tropicale. D'abord utilitaires, les objets présentés, tels que vases, mortiers, et haches, deviennent de plus en plus complexes avec le temps, tant d'un point de vue esthétique que spirituel, bien souvent.

"On sent vraiment la proximité entre l'homme et la nature dans les artefacts, souligne Mme Lelièvre. Et le savoir-faire des Costaricains pour les quatre matériaux, jade, céramique, pierre et or, est extraordinaire."

Cette exposition a nécessité plus d'un an de travail et a été financée en grande partie par Pointe-à-Callière.