La galerie Valentin, de la rue Sherbrooke Ouest, rend hommage à Jean Dallaire (1916-1965) en présentant un ensemble fort intéressant de peintures et de gouaches de cet artiste onirique, certaines connues, d'autres inédites. Aucune n'est à vendre.

«I'm a buyer, you know», disait un visiteur à Jean-Pierre Valentin cette semaine. Cette petite gouache-là qu'il montrait du doigt, il savait déjà où il allait la placer chez lui. Hélas! il n'y a rien à vendre, lui expliquait gentiment le galeriste. Les prêteurs ne semblent pas pressés de voir partir leur Dallaire.

 

Jean-Pierre Valentin rend hommage à Jean Dallaire, peintre tourmenté, sorte de «lone ranger» proche d'Alfred Pellan au plan esthétique, mais évoluant dans un univers plus surréaliste où reviennent souvent les mêmes motifs : oiseaux fantaisistes, femmes aux chapeaux bizarres, lacets, clowns excentriques, cartes à jouer, folles... Le galeriste a rassemblé 45 gouaches et peintures ainsi que quelque dessins, prêtés par 35 personnes dont le fils de Dallaire, Michel. Designer couronné d'un prix Borduas il y a quelques années, Michel Dallaire prépare actuellement un catalogue raisonné des oeuvres de son père.

Pièces connues et moins connues

Il y a dans cet ensemble des pièces bien connues, comme La folle (1952), aux cheveux électriques, ou Bossue à l'ombrelle. Ou encore L'homme à l'oiseau, portrait aux couleurs fauves d'un homme qui fume sa pipe, un oiseau bien installé sur le crâne. Derrière cet homme, un tableau représentant un monstre la gueule ouverte comme en dessinent les enfants. Il s'agit peut-être d'un autoportrait.

On y trouve aussi de grands dessins plus intimistes: le portrait d'un jeune enfant (son fils), par exemple, saisi dans son sommeil, qui dévoile le talent de dessinateur de Dallaire. Et des gouaches magnifiques où les personnages se fondent dans les motifs du décor, peints méticuleusement par petits traits, formant une sorte de tapisserie comme ce Patati et patata (1949). Et puis, on nous a ménagé une surprise : un tableau reprenant un personnage typique de Dallaire, peint à la spatule à la manière de Borduas ou de Riopelle, possible clin d'oeil à ses contemporains plus célèbres que lui. À moins qu'il ne s'agisse d'une blague de sa part.

Par cet hommage accompagné d'un petit catalogue auquel ont collaboré des critiques et historiens dont René Viau et Paquerette Villeneuve, la Galerie Valentin espère recevoir de la visite rare, celle qui ne va pas souvent dans les galeries. C'est une manière aussi de faire parler d'elle. L'an prochain, a dit M. Valentin à La Presse, la galerie de Walter Klinkhoff et la sienne célébreront, en même temps, deux peintres différents. Les deux galeries sont situées tout près du Musée des beaux-arts de Montréal.

Jean Dallaire à la galerie Valentin, 1490, rue Sherbrooke Ouest, suite 200, jusqu'au 8 novembre. Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 17h30 et le samedi de 10h à 17h. Entrée libre. www.galerievalentin.com