Le collectionneur britannique Charles Saatchi, au talent légendaire pour dénicher les artistes britanniques aujourd'hui stars du marché de l'art, a dévoilé lundi son nouveau musée à Londres avec une première exposition dédiée à l'art contemporain chinois.

L'ex-publicitaire devenu collectionneur mais aussi marchand d'art à succès, a investi un bâtiment néo-classique de 6500 m2 à Chelsea, revisité par le cabinet d'architecture AHMM.

Le Duke of York HQ, un bâtiment circulaire ayant servi à l'entraînement des militaires, présente les oeuvres dans des conditions exceptionnelles: un accrochage très espacé avec un éclairage zénithal.

Il ouvrira ses portes au public jeudi avec l'exposition inaugurale La Révolution continue: l'art contemporain chinois qui présente les oeuvres de 24 artistes.

Le collectionneur Charles Saatchi s'est associé à la maison d'enchères Phillips-De Pury & Company pour permettre une entrée gratuite aux collections et proposer un espace destiné à lancer la carrière d'artistes encore peu connus.

Charles Saatchi est l'un des premiers à avoir cru en Damien Hirst, aujourd'hui le plus riche artiste contemporain. Il a acheté au Young British Artist controversé, une tête de vache en décomposition, et auprès de sa comparse Tracey Emin My Bed, une installation qui figure un lit aux draps sales entouré de bouteilles vides, mégots et autres reliques, qui avait choqué les tenants d'un art plus classique.

Il est aussi connu pour avoir contribué à lancer la carrière de l'Américain Jeff Koons, qui expose actuellement ses sculptures aux couleurs acidulées au château de Versailles.

Les acquisitions de Charles Saatchi, qui contribuent à lancer des tendances, sont très suivies par le marché de l'art.

Pour l'exposition inaugurale de son nouveau musée, Charles Saatchi s'est tourné vers l'art chinois, pour lequel il a avoué avoir un «zèle de nouveau converti» au Sunday Times.

L'exposition met à l'honneur des artistes chinois déjà célèbres, tels Zhang Xiaogang, connu pour ses portraits collectifs inspirés des portraits de famille de la période de la révolution culturelle ou les visages hilares de Yue Minjun, mais aussi d'autres moins renommés.

Cette nouvelle institution dédiée à l'art contemporain se veut démocratique, son fondateur espérant attirer un large public, dont des écoliers et des étudiants d'art.

La galerie Saatchi a déjà connu plusieurs avatars. Le collectionneur avait ouvert une première galerie en 1985 dans une ancienne usine de peinture à St John's Wood, avant de déménager à County Hall, au sud de la Tamise en 2003. Ce lieu avait dû fermer en 2005 à cause de désaccords avec les propriétaires du bâtiment.

Le collectionneur qui parle peu aux médias est né en Irak en 1943 dans une famille juive prospère. Il a émigré enfant avec son frère Maurice en Grande-Bretagne, fuyant les persécutions.

Charles Saatchi a fait fortune en créant en 1970 avec son frère Maurice l'agence de publicité Saatchi & Saatchi, qui deviendra dans les années 1980 la plus importante au monde et a été notamment chargée de la campagne électorale de Margaret Thatcher en 1978.

Une visite virtuelle de la galerie est proposée sur son site Internet https://www.saatchi-gallery.co.uk/

L'exposition inaugurale La Révolution continue: l'art contemporain chinois se tiendra jusqu'au 18 janvier 2009.