Lyne Lapointe, aux multiples talents de peintre, bricoleuse et metteure en scène d'objets insolites, surprend toujours. Elle expose à la galerie SBC un ensemble de sculptures-peintures qui jouent de la musique. Rien à voir avec la Mélodie du bonheur.

La galerie du Centre Saidye Bronfman a rassemblé dans son local de l'édifice Belgo une partie d'une installation de Lyne Lapointe qui porte le titre de La clef. Il s'agit ici de quatre grands panneaux, peints aussi bien à l'endroit qu'à l'endos, soutenus par des béquilles. Trois panneaux portent un instrument de musique de vieille allure qui se met à jouer quand le mécanisme inséré dans le panneau est déclenché. Un tableau porte un bâton de pluie africain, l'autre une mandoline, un troisième une petite harpe rudimentaire. Un quatrième panneau, peint de motifs floraux, possède les clefs qui déclenchent les mécanismes de chaque tableau ou de tous les tableaux à la fois. On ne peut pas dire que la musique d'automates qui en sort, trois ou quatre notes répétitives et grinçantes, soit mélodieuse. Ce qui n'empêchera pas le musicien Jean Derome de jouer de concert avec ces instruments le 25 octobre à 15h.

 

Dans une petite salle adjacente à la première, un autre élément s'ajoute aux panneaux: une vieille chaise qui joue de l'accordéon. Dans le dos de la chaise, un système de poulies étire l'accordéon et le ramène en place. Sur les murs, de grandes photos en noir et blanc de Lyne Lapointe, assise, le dos nu, sur une chaise, la même peut-être, dans un bois où de gros arbres viennent d'être coupés, ou dans une carrière, ou encore devant un lac fabriqué par des castors...

On est toujours étonnés par les trouvailles de cette artiste qui a longtemps fait, en compagnie de Martha Fleming, des installations dans des édifices abandonnés. Trouvailles qui résultent de son intérêt pour les curiosités d'ici ou de l'étranger prises chez des antiquaires ou des brocanteurs, de sa manière de les utiliser, de ses connaissances en découvertes scientifiques du XIXe siècle et en histoire générale de la peinture. Sans oublier son travail de peintre trompe-l'oeil. Chaque panneau dans cette exposition est peint de motifs géométriques qui créent des illusions ou évoquent l'origine des instruments de musique utilisés. Un tableau porte en son dos un dessin entièrement fait de petits coquillages collés. Étonnés aussi par l'effet déstabilisant que ces ensembles provoquent chez les visiteurs.

Sculptures de ceintures

L'édifice Belgo, où loge dorénavant la galerie du Centre Saidye Bronfman, compte une trentaine de galeries d'art contemporain. Situé près du Musée d'art contemporain, le Belgo est devenu une institution. Il s'y brasse de l'art expérimental, mais aussi des affaires d'art.

François Morelli, artiste multidisplinaire, occupe la galerie Joyce Yahouda, avec un Tapis volant formé d'une multitude de ceintures en tous genres et de toutes couleurs posées sur le plancher. D'autres ceintures sont rassemblées de manière à former des têtes casquées que l'on peut enfiler comme des gants de boxe. Sur les murs, une oeuvre dessinée en gestation. Dessins composés de ceintures rassemblées de manière à créer des formes apparemment dotées de vie.

Dans une autre pièce, Morelli rassemble des jambes faites de broches, allant de petits pieds à des pieds de plus en plus grands. Les broches finissent par déborder au plafond comme s'il s'agissait de traits dessinés dans l'espace. Cette oeuvre s'intitule À la file indienne. Et l'ensemble des deux installations porte le titre de La mesure de ses rêves. L'artiste sera à la galerie les samedis 11, 18 et 25 octobre à partir de 15h pour terminer ses dessins en direct, avec la collaboration du public.

Circa a 20 ans

La galerie Circa célèbre ses 20 ans en présentant les oeuvres de six artistes qui comptent dans son histoire. On y trouve les pièces de deux pros de la céramique - qui sont des artistes à part entière visiblement inspirés par la matière qu'ils utilisent, Yves-Louis Seize et Monique Giard. Et celles de trois sculpteurs qui utilisent la céramique occasionnellement dans leur travail, Linda Covit, Gilles Mihalcean et Stephen Scofield. Dans la petite salle de la galerie, une revue, en photos, des expositions depuis 1988. On dirait que tout le monde des arts est passé par là.

- Lyne Lapointe. La clef, galerie SBC (372, rue Sainte-Catherine Ouest, espace 507), jusqu'au 25 octobre. Ouvert du mercredi au samedi, de midi à 17h. Entrée libre.

- François Morelli, La mesure de ses rêves, galerie Joyce Yahouda (372, rue Sainte-Catherine Ouest, espace 516), jusqu'au 1er novembre. Ouvert du mercredi au samedi, de midi à 17h. Entrée libre.

- 1200 degrés C, à la galerie Circa (372, rue Sainte-Catherine Ouest, espace 444), jusqu'au 11 octobre. Ouvert du mercredi au samedi, de midi à 17h30. Entrée libre.