Des regroupements professionnels et des syndicats du milieu artistique veulent créer un guichet unique où les artistes et les travailleurs culturels victimes de harcèlement en milieu de travail pourront dénoncer leurs présumés agresseurs.

Lundi matin, huit associations unissant producteurs, artistes et artisans se sont réunies dans les bureaux de l'Association québécoise de la production médiatique (AQPM), à Montréal, pour discuter des nombreux cas présumés de harcèlements de nature sexuelle qui secoue les arts depuis quelques semaines.

«On veut mettre un terme à cela une fois pour toutes. On ne veut pas revenir dans la même situation encore dans 10 ans», explique Alexandre Curzi, président de l'Alliance québécoise des techniciens de l'image et du son (AQTIS).

En plus de vouloir créer un guichet unique où travailleraient des experts indépendants pour recueillir les plaintes et les diriger vers les bonnes ressources, pour choisir un mode de dénonciation, les associations patronales et les syndicats souhaitent mettre sur pied un programme de prévention et de formation. Un comité restreint sera créé au cours des prochaines semaines afin de travailler concrètement à la mise en place du plan d'action.

Lundi matin, la ministre de la Culture, Marie Montpetit, était présente à la réunion. Elle a confirmé auprès des représentants de l'industrie culturelle qu'une personne-ressource de son ministère ferait partie du comité restreint qu'ils souhaitent mettre sur pied, répondant ainsi positivement à l'une de leurs demandes.

«C'était une bonne rencontre. Nous sommes tous unis sur un enjeu qui nous rejoint tous. C'est important pour moi d'épauler les artistes dans l'ensemble des initiatives qu'ils prennent sur cet enjeu. Le milieu se mobilise, on va les accompagner et les supporter là-dedans», a-t-elle affirmé à La Presse.

Une deuxième réunion, réunissant un nombre sensiblement plus élevé de regroupements artistiques, se tiendra ce vendredi aux bureaux montréalais de l'Union des artistes (UDA).

Un climat de «chasse aux sorcières»?

Depuis quelques semaines, la publication de reportages concernant entre autres Éric Salvail et Gilbert Rozon a mené à une augmentation du nombre de plaintes et de dénonciations dans le secteur culturel.

«On est dans un autre niveau, quant [au nombre de] plaintes que l'on reçoit. On est vraiment complètement ailleurs, c'est tous les jours et il y a tout un éventail de gravité là-dedans», résume Alexandre Curzi de l'AQTIS.

Hélène Messier, présidente-directrice générale de l'AQPM, s'inquiète aussi d'un climat de «chasse aux sorcières» qu'elle constate présentement.

«Des journalistes se promènent avec des listes et abordent les artistes et les gens qui travaillent sur les plateaux en nommant des gens pour essayer de constituer de la preuve. Certains font le travail un peu à l'envers. Au lieu d'interroger des gens pour savoir s'ils ont eu des problèmes sur les plateaux (...), on [nomme des personnes] pour qui c'est peut-être juste des rumeurs, où il n'y a rien de confirmé», résume-t-elle, prenant bien soin de réitérer qu'elle comprend l'importance pour les victimes d'avoir un lieu où dénoncer et aussi que les journalistes doivent corroborer leurs informations.