Roger Waters n'y croyait pas. Pourtant, l'Opéra de Montréal l'a convaincu qu'il pouvait faire de The Wall une véritable oeuvre opératique, pertinente et de qualité.

Quand Pierre Dufour est entré à l'Opéra de Montréal il y a une quinzaine d'années, il caressait déjà le projet de transposer The Wall à l'opéra. Roger Waters a finalement donné son aval à cette folle aventure il y a trois ans.

Toutefois, l'ex-directeur général de la compagnie montréalaise - qui se consacre désormais au développement international d'Another Brick in the Wall - ignorait que son choix comme metteur en scène, Dominic Champagne, avait déjà discuté avec Waters en 2005 de la possibilité que le Cirque du Soleil monte un spectacle à partir de The Wall.

« Je travaillais sur LOVE, des Beatles, et Waters était venu frapper à la porte du Cirque, se souvient Champagne. On avait eu quelques séances de travail ici à Montréal, j'étais allé chez lui à New York et on avait eu quelques échanges, Gilles Ste-Croix, Waters et moi. Il n'y avait rien de concret et ça n'a mené à rien de concret. 

«Le Waters que j'ai rencontré à l'époque, c'était le control freak. Moi, je ne savais pas comment je pouvais être moi-même sans me faire avaler par ce monde-là. Mais en même temps, t'as bien envie d'y aller, comme j'avais envie d'aller faire des cues à Abbey Road avec George Martin. »

C'est un Roger Waters beaucoup plus serein que Champagne a retrouvé il y a quelques années. Probablement, croit-il, parce qu'il a fait sa propre tournée The Wall Live, qui a connu un succès phénoménal de 2010 à 2013.

« Il y a 12 ans, je lui avais dit devant sa blonde que ce qu'il voulait vraiment faire, c'était remonter sur scène et faire son show The Wall. Il disait : "Non, je ne pense pas" », raconte Champagne.

FUIR LES COMPROMIS

Quand il a reçu dans son appartement new-yorkais la délégation de l'Opéra de Montréal, venue lui proposer de monter The Wall, M. Waters a reconnu M. Champagne et s'est même souvenu qu'il avait consulté L'enfer de Dante dans sa bibliothèque. Mais il n'était pas du tout convaincu de la pertinence de transposer The Wall à l'opéra, craignant qu'on lui propose une oeuvre de compromis, à mi-chemin entre le rock et l'opéra.

« Ça, c'était hors de question pour moi aussi, lance le compositeur Julien Bilodeau. On était d'accord là-dessus sans le savoir. »

Or, les deux enregistrements que Waters a entendus ce jour-là étaient bel et bien de l'opéra. Ça l'a convaincu que son bébé serait en bonnes mains. Depuis, l'équipe d'Another Brick in the Wall met systématiquement son librettiste-vedette au parfum de tous les aspects de la production.

Roger Waters est un homme occupé qui termine la production d'un nouvel album et amorcera à la fin mai sa tournée Us + Them, qui s'arrêtera à Montréal et à Québec en octobre. Il n'est pas impossible qu'il débarque à Montréal pour assister aux dernières répétitions d'Another Brick in the Wall, mais on s'attend surtout à ce qu'il soit à Wilfrid-Pelletier le soir du 11 mars.

À la salle Wilfrid-Pelletier, du 11 au 27 mars