Jean-Philippe Wauthier sera finaliste au Prix du meilleur animateur d'émission de variétés ou de divertissement, demain soir dans le cadre du 31e gala Artis à l'antenne de TVA. Il coanimera à son tour en septembre le gala des prix Gémeaux, à Radio-Canada, en compagnie d'Éric Salvail, tout en continuant d'animer La soirée est (encore) jeune, à ICI Radio-Canada Première et à ARTV, ainsi que Deux hommes en or à Télé-Québec, avec le collègue Patrick Lagacé. Rencontre avec une nouvelle vedette populaire.

Marc Cassivi : Le prétexte de notre rencontre, c'est le gala Artis, où tu es nommé pourLes dieux de la danse...

Jean-Philippe Wauthier : Je ne peux pas croire que c'est pour autre chose !

M.C. : Si on t'avait dit il y a cinq ans que tu serais finaliste au gala Artis...

J.-P.W. : Je ne l'aurais pas cru ! Il y a encore la moitié des gens qui me félicitent dans la rue en m'appelant Louis-Philippe Gauthier.

M.C. : Tu vas animer le gala des Gémeaux avec Éric Salvail, qui ne s'en cache pas : l'approbation du public est importante pour lui. Est-ce que c'est aussi devenu un moteur pour toi ?

J.-P.W. : Je ne pensais pas faire ça dans la vie. Je le fais et c'est le fun. Les gens ne sont pas obligés de m'aimer. Mais s'il y a des dames de 60 ans qui m'aiment, ça me fait plaisir. Même si je n'en reviens pas. Il y a des gens bien plus utiles que nous dans la vie.

M.C. : Ça t'étonne moins d'être apprécié d'un public plus jeune à La soirée ?

J.-P.W. : Tout ça est organique. Je n'ai jamais rien forcé dans la vie. J'ai été très chanceux. On m'a offert des occasions en or. Dominique [Chaloult, directrice générale de la télévision de Radio-Canada] a cru en moi. Mais je sais que tout ça est éphémère.

M.C. : Tu es à la fois un chouchou des branchés et une vedette populaire. Comment tu concilies les deux ?

J.-P.W. : En restant moi-même ! C'est un concours de circonstances qui fait que je coanime les Gémeaux. Si Véronique Cloutier était disponible, je ne serais pas là ! On va être honnête...

M.C. : Ça me fait penser à Jean-Sébastien (Girard) avec Véronique Cloutier à la première des Échangistes (à Radio-Canada). Ce n'est pas toujours simple de trouver le ton juste quand on passe du « niché » au populaire...

J.-P.W. : Il s'adapte. Ils sont allés le chercher pour ce qu'il fait à La soirée, mais ils l'ont placé dans un environnement qui n'est pas La soirée.

M.C. : On a sorti le poisson de son bocal. Tu ne peux pas te permettre les mêmes « bitcheries » dans un talk-show grand public que dans une émission qui a ses codes et ses conventions. Le décalage est trop grand.

J.-P.W. : Jean-Sébastien a un talent fou. Il va trouver sa place. Je ne m'inquiète pas pour lui.

M.C. : Il est hilarant. Mais je me suis inquiété pour lui ce soir-là ! Est-ce que tu trouves des inconvénients à ton nouveau statut de vedette populaire ? Les magazines à potins s'intéressent à ta vie privée, à ta blonde, à ton enfant à naître...

J.-P.W. : Tu peux toujours dire non. Il n'y a pas de paparazzis au Québec. Il y a des choses que je ne fais pas.

M.C. : Je t'ai quand même vu souffler le nom que tu allais donner à ta fille, en direct, à l'oreille d'Éric Salvail...

J.-P.W. : Je ne pensais pas qu'il allait le répéter ! Mettons que j'étais pas très content...

M.C. : Ça paraissait ! Tu as franchi le fameux cap du « million » de cotes d'écoute avecLes dieux de la danse. Est-ce qu'on peut se satisfaire du dixième de ça par la suite ?

J.-P.W. : Si un jour tu fais un marathon sous les trois heures, tu te diras : "C'est fait ! Coché !" J'espère rester moi-même et continuer à avoir du succès, oui, mais en faisant des choses intelligentes et intéressantes qui satisfassent mes patrons. C'est fou, un million, quand tu y penses. En France, Ruquier fait 1,7 million à On n'est pas couché !

M.C. : Tu sens souvent le besoin de rappeler que ce que tu aimes faire dans la vie, c'est des entrevues avec des politiciens.

J.-P.W. : Je n'ai pas le choix !

M.C. : Tu as peur que les gens l'oublient parce que tu animes un show de danse « ironique » ?

J.-P.W. : Je suis souvent dans le divertissement. Je suis un animateur. Mais je fais aussi des entrevues avec des politiciens. Ma palette est assez large. Les gens retiennent surtout qu'on est « bitch », mais ce qu'on fait aussi à La soirée, c'est de l'actualité politique. On l'oublie. C'est ce que Jon Stewart faisait. C'est vrai que je le dis pour que les gens ne l'oublient pas. Pour qu'ils n'oublient pas cette partie de ce que je fais. On a beaucoup ri du fait que j'anime Les dieux de la danse. C'est vrai que c'est drôle. Je porte flanc à tout ça avec bonheur. C'est ce qui m'a permis de rejoindre un million de personnes. Mais le lendemain, je fais aussi une entrevue avec le docteur Barrette. Et le surlendemain, j'essaie de coincer François Legault ou Bernard Drainville. C'est aussi ça que je fais dans la vie. Je suis bon là-dedans parce que j'aime ça et que je connais mes affaires.

M.C. : Mais d'insister constamment là-dessus en entrevue, ce n'est pas afficher une forme de complexe ou d'insécurité ?

J.-P.W. : Non. Vraiment pas. C'est ce que j'aime faire. Donc, ne l'oubliez pas !

M.C. : Bref, tu ne serais pas heureux seulement à faire des émissions de variétés qui rejoignent un million de personnes. Tu serais Patrice L'Écuyer et tu ne serais pas heureux...

J.-P.W. : Il faut être utile aussi, je pense, dans la vie. Pas que Patrice n'est pas utile ! Au contraire, ce n'est pas ce que je dis. Moi, j'ai étudié en sciences po ; la société m'intéresse, tout ce qui se passe en politique aussi. On en parle où ailleurs comme on en parle à La soirée ? Des politiciens qui jasent comme ça ?

M.C. : Que ce soit devenu un rendez-vous incontournable pour un certain public, ça te rassure ? Les jeunes font la queue une heure et demie à l'avance devant le HELM pour vous voir en direct...

J.-P.W. : Au moins, les jeunes nous écoutent parce que le contenu ne leur fait pas peur. Le Daily Show, le Colbert Report, c'est comme ça qu'ils s'informent. Arrêtez de faire semblant que l'information, c'est une chasse gardée. Tu peux rester tout seul dans ton sous-sol avec l'assurance que l'information, c'est la meilleure chose à Radio-Canada. Ce n'est pas une question de rester pur. Ça m'a toujours choqué, cette façon de voir les choses. Il faut trouver une façon pour que les jeunes assimilent l'information.

M.C. : On dit qu'on ne peut faire de la télé sans devenir narcissique. Je suis capable d'admettre que je suis devenu plus soucieux de mon image depuis que j'en fais. T'es conscient de ça ?

J.-P.W. : Au début, je m'en crissais plus. Mais à un moment donné, ton apparence devient une marque de commerce. Inévitablement, t'as pas le choix de te regarder plus dans le miroir ! Tu te fais maquiller, tu te fais coiffer, tu te fais habiller. Tu veux être sûr que c'est correct et que t'as pas l'air fou. Ça fait partie de la job. Mais le week-end, je ne me lève pas en me regardant dans le miroir. Et je travaille à la radio sans m'occuper de ça.

M.C. : On t'en parle beaucoup, de ton apparence. De tes fameux cheveux...

J.-P.W. : Ça ne me dérange plus. La première année de Deux hommes en or, j'ai trouvé ça dur, les commentaires. Avec Patrick Lagacé vient aussi toute une gang qui a envie de te haïr ! Je me faisais ramasser et je réagissais beaucoup, mais plus maintenant. Je me suis habitué. On ne peut pas plaire à tout le monde.