On peut voir Maxim Gaudette depuis vendredi dans le nouveau film d'Anne Émond, Les êtres chers, qui aborde de front le thème du suicide. L'acteur natif de Sherbrooke y joue le rôle de David Leblanc, jeune père de famille mélancolique qui tangue entre l'envie de vivre et celle de mourir.

L'acteur de 41 ans, révélé au cinéma dans les films de Denis Villeneuve (Incendies et Polytechnique), y joue, littéralement, le rôle de sa vie.

« Comme père de famille, je pouvais très bien m'identifier à mon personnage, a-t-il confié à La Presse. Il a fallu que je sois très nuancé dans mon jeu pour qu'on sente son trouble. Parce qu'il est tourmenté, mais aussi heureux. Au jour le jour, c'est un père présent qui veut transmettre de bonnes valeurs à ses enfants. »

Ce nouveau rôle marquant l'a interpellé dans sa relation avec son père et même dans son propre vieillissement. « J'aime l'idée de la maturité. J'ai envie de bien vieillir, laisse-t-il tomber. Je ne sais pas ce qu'il faut faire pour ça, mais je pense que ça se vit dans l'ouverture et le partage. »

Maxim Gaudette joue également, jusqu'à la fin du mois au Théâtre du Trident de Québec, le rôle de Winston Smith dans l'adaptation théâtrale de 1984 (de George Orwell), mise en scène par Édith Patenaude. La pièce qui décrit les dérives d'un régime totalitaire sera présentée l'an prochain au Théâtre Denise-Pelletier.

L'acteur que l'on verra également en début d'année dans la nouvelle série de Fabienne Larouche, Blue Moon - dans le rôle d'un militaire -, multiplie les rôles dramatiques, que ce soit au théâtre, à la télé (dans L'auberge du chien noir) ou au cinéma.

A-t-il déjà songé à jouer dans une comédie? « Oui, répond Maxim Gaudette, laconique. J'aimerais beaucoup ça jouer dans une comédie de situation. » À bon entendeur, salut!

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Maxim Gaudette incarne un père mélancolique qui tangue entre l’envie de vivre et celle de mourir, dans Les êtres chers d’Anne Émond

Les choix de notre invité

LIVRE

La promesse de l'aube de Romain Gary

«C'est un livre qui m'a beaucoup marqué, au point où j'ai nommé mon fils Romain! J'ai joué dans l'adaptation théâtrale d'André Melançon, présentée il y a quelques années à Espace GO. Romain Gary y aborde le thème du dépassement de soi, mais sans aucun cynisme. Je trouve aussi très intéressants les liens qu'il décrit avec sa mère. En particulier les rêves de sa mère qu'il a réalisés. C'est le plus autobiographique de ses romans et je le trouve brillant.»

ARTS VISUELS

Musée national des beaux-arts de Québec

«Comme je joue au théâtre à Québec, j'en ai profité pour aller voir l'expo sur les grands peintres québécois. Ceux de Refus global comme Paul-Émile Borduas, Jean Paul Riopelle, Jean Paul Lemieux, mais aussi Fernand Leduc et Alfred Pellan. De grands peintres avec des styles très différents qui ont beaucoup évolué. J'apprécie de plus en plus les arts visuels et la peinture; c'est vraiment une découverte pour moi et ça m'inspire dans mon travail d'acteur.»

CINÉMA

Léviathan

«C'est un film russe [d'Andreï Zviaguintsev] qui a remporté le prix du meilleur scénario à Cannes en 2014. C'est l'histoire d'un homme qui est évincé de chez lui par les autorités municipales. Un film violent et noir, mais avec une pudeur et une délicatesse que j'ai vraiment appréciées. Le réalisateur ne cherche jamais à expliquer ce qu'il est en train de faire. C'est un film qui transcende l'histoire par les images, comme les grands peintres russes.»

MUSIQUE

Le jazz

«C'est un genre musical que j'ai vraiment découvert il y a une dizaine d'années. En particulier le jazz des années 50 et 60, celui de Miles Davis, John Coltrane, Thelonious Monk, Art Blakey, Sonny Clark... Ce jazz-là et le bebop qui l'a précédé, ce sont des genres complexes qui ne sont pas faciles à apprivoiser, mais que j'ai appris à aimer. C'est une musique qui m'apaise énormément. Il y a une douceur, mais aussi un rythme dansant que j'adore et qui me détend.»