Les 220 élèves du Conservatoire de musique et d'art dramatique de Montréal ainsi que leurs 650 camarades étudiants en musique de l'Université de Montréal sont en grève aujourd'hui pour protester contre les fermetures appréhendées de cinq conservatoires régionaux. Ils réclament aussi la démission de Nicolas Desjardins, directeur général de l'institution.

Une manifestation aura lieu à 12h30 à la place Marguerite-Bourgeoys, près des bureaux du ministère de la Culture. Les protestataires marcheront ensuite jusqu'à la Place des Arts, où ils offriront une prestation musicale à 14h30, sous la direction du chef Jean-François Rivest, professeur à la faculté de musique de l'Université de Montréal.

Rappelons que la ministre Hélène David doit prendre connaissance aujourd'hui d'un plan de retour à l'équilibre budgétaire du Conservatoire. Selon un document confidentiel obtenu par Le Soleil le 18 septembre, le conseil d'administration de l'institution recommanderait à la ministre de fermer les conservatoires de Trois-Rivières, Rimouski, Saguenay, Gatineau et Val-d'Or.

«Même si le danger de fermeture ne touche pas directement le Conservatoire de Montréal, on a déjà subi des coupes de 900 000$ en 2013 sous le gouvernement péquiste, ce qui a forcé la direction à couper dans les services. Nous avons notamment perdu le tiers de nos heures de cours individuels», indique Antonin Cuerrier, président de l'Association des élèves du Conservatoire de musique de Montréal (AECMM).

Unanimité

Dans une résolution adoptée à l'unanimité le 25 septembre lors d'une assemblée générale, les membres de l'AECMM demandent la démission du directeur général Nicolas Desjardins, à qui ils attribuent une part de responsabilité dans le déficit structurel des conservatoires.

«Nicolas Desjardins est en poste depuis 1998, ajoute Antonin Cuerrier. Depuis 2009, une dette s'accumule. Ce déficit est dû, en partie, à des erreurs administratives, dont une sous-estimation des taxes sur les loyers, selon un rapport d'analyse réalisé par HEC Montréal en 2011. Face à des menaces de coupes ou à un impératif d'atteindre l'équilibre budgétaire, il n'a pas hésité à déposer un document au conseil d'administration proposant la fermeture des cinq conservatoires régionaux, ce qui, selon nous, va complètement à l'encontre de son rôle.»

Pour les étudiants, Nicolas Desjardins manque de courage pour défendre l'institution qu'il administre.

«Puisqu'il ne joue pas son rôle, il nous revient à nous, les étudiants, les professeurs et les diplômés, de dire à la ministre que les conservatoires sont plus que nécessaires», ajoute Antonin Cuerrier.

Solidarité

Hier, l'Association des étudiants en musique de l'Université de Montréal, qui regroupe 650 membres, a tenu elle aussi une assemblée afin d'adopter un mandat de grève pour participer à la manifestation musicale en solidarité avec leurs collègues.

«Une bonne partie de nos membres provient des conservatoires des régions. S'ils ferment, l'avenir même de la faculté de musique est compromis, souligne Emmanuelle Piedboeuf, présidente de l'Association. Bon nombre des étudiants des régions qui viennent poursuivre leurs études ici y retournent par la suite. Les conservatoires sont essentiels pour la culture en région.»

La direction du Conservatoire de musique a décliné la demande d'entrevue de La Presse en alléguant qu'il fallait attendre que la ministre prenne connaissance du rapport de son conseil d'administration pour commenter la situation.