Il aimait le beau, les fleurs et le vin. À ses yeux, le design embellit la vie, certes, mais surtout, il la simplifie. Frédéric Metz est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à l'hôpital Notre-Dame, des suites d'un cancer, au lendemain de son 70e anniversaire. M. Metz était l'une des plus importantes personnalités du design graphique au Québec. Un créateur qui, comme Verlaine, reniait la couleur criarde, lui préférant la nuance avant toute chose.

Graphiste, professeur, auteur, communicateur (il était un chroniqueur régulier chez Marie-France Bazzo) et surtout un grand passionné de son art. Une passion qu'il a transmise, avec son franc parler légendaire, à des milliers d'étudiants au cours de ses 32 années d'enseignement à l'UQAM, dont plusieurs comme directeur du programme de design graphique ainsi que du Centre de design de l'UQAM. Sous son directorat, le programme a connu un rayonnement international. 

La rigueur suisse

Originaire de Neuchâtel, Frédéric Metz est arrivé à Montréal en 1967, durant l'Exposition universelle.

Tout est à faire en matière de design au Québec, alors en pleine Révolution tranquille. Le jeune graphiste s'installe ici et trouve un boulot comme directeur artistique chez GSM Design. 

Metz avait la rigueur, le sens du détail et de la discipline de ses origines suisses. Sa carrière est jalonnée de contrats prestigieux. Il conçoit plusieurs identifications visuelles dont le logo de Browns, les concepts graphiques des restaurants de l'Aéroport de Mirabel et de l'Hôtel Méridien et celui d'Oscar de la Renta.

Affiches, logos, images globales, signalétique... les champs d'intérêt de cet homme toujours élégant sont éclectiques. Élu membre honoraire de la Société des designers graphiques du Québec (SDGQ) en 2004, M. Metz a reçu l'an dernier le Icograda Achievement Award pour l'ensemble de sa carrière.

Mercredi dernier, Dario Bivona avait laissé un statut sur la page Facebook de son compagnon de vie pour informer ses ami(e)s de sa santé déclinante. Il a reçu près de 250 commentaires d'amour et de réconfort. «Frédéric Metz peut être fier de ce qu'il a accompli», a écrit Philippe Lamarre, fondateur de la revue Urbania et de l'agence Toxa. 

Dans une lettre en hommage à son ancien professeur, M. Lamarre estime que Metz a influencé «plusieurs générations de créateurs visuels, et a favorisé l'éclosion d'un langage graphique propre au Québec». 

«Frédéric a su insuffler au design graphique québécois un vent de fraîcheur et une audace qui, bien au-delà de la simple quête esthétique, marque clairement un désir de frapper l'intellect autant que l'oeil afin de ne laisser personne indifférent. Il a contribué à faire évoluer le Québec, tant par son oeuvre que par son talent de pédagogue et de communicateur», conclut le président de la SDGQ.