Les célébrations du 50e anniversaire de la Place des Arts - avec entre autres sa série «Spectaculairement Chine» - compteront parmi ses dernières réalisations. Après 14 ans de loyaux services, le directeur de la programmation de la Place des Arts tire sa révérence. Il quittera son poste officiellement le 21 mars, a appris La Presse.

Michel Gagnon a accepté de diriger un complexe culturel à Lugano, en Suisse, pour «au moins quatre ans». Il a avisé le PDG, Marc Blondeau, de son intention de quitter la Place des Arts le 11 février dernier. «Je ne l'ai pas vu venir du tout, a confié M. Gagnon à La Presse. C'est une offre qui m'a été faite et que j'ai acceptée.»

Le Lugano Arte e Cultura est en construction. Il comptera deux salles de spectacles de 250 et 1000 sièges respectivement, ainsi qu'un musée d'art contemporain, qui aura son propre directeur. L'ouverture du complexe est prévue pour septembre 2015.

Michel Gagnon, qui est attendu à Lugano dès le 1er avril, embauchera deux programmateurs suisses: un pour les événements musicaux et un autre pour les arts de la scène.

Un coup de pouce de Finzi Pasca

C'est le metteur en scène italo-suisse Daniele Finzi Pasca, lui-même originaire de Lugano, qui aurait orchestré l'embauche de M. Gagnon.

«Comme nous étions coproducteurs du spectacle La Verità de Finzi Pasca, je suis allé aux répétitions et aux premiers enchaînements à Lugano il y a un an et demi. C'est durant ce voyage que Daniele, qui est un ami, m'a fait visiter le chantier de ce nouveau complexe culturel.»

L'automne dernier, Michel Gagnon est retourné à Lugano à l'invitation du maire de la ville. Encore une fois, c'est Finzi Pasca qui l'a référé.

«Ils m'ont demandé mon opinion sur le fonctionnement du complexe. Au cours d'un dîner avec des conseillers, j'ai dessiné sur un napperon un organigramme avec ma vision de l'organisation. Le lendemain, au bureau du maire, tout le monde avait une copie de mon napperon! C'est à ce moment-là qu'ils m'ont offert le poste.»

Sous sa gouverne, la Place des Arts s'est remise à coproduire et diffuser des spectacles. «Lorsque je suis arrivé ici, nous n'étions qu'un locateur de salles. Il a fallu ramener des productions maison dans nos salles.»

On attribue à M. Gagnon la mise sur pied de la série PdA Junior, l'animation de l'Espace culturel Georges-Émile-Lapalme et l'instauration de résidences de création. C'est aussi grâce à lui que la Cinquième Salle s'est consacrée à la création d'oeuvres pluridisciplinaires.

«Mon défi a été de maintenir un niveau élevé de spectacles dans les six salles de la Place des Arts. Ça se fait en gardant des liens forts avec les producteurs et les compagnies résidentes [le théâtre Jean-Duceppe, l'Opéra de Montréal et les Grands Ballets canadiens].»

RUBBERBANDance, Kodo, Les tambours du Japon, Bharati, Il était une fois l'Inde. Si Michel Gagnon a réussi à diffuser des spectacles à grand déploiement comme ceux-là, c'est en créant des partenariats avec des complexes culturels comme le Centre national des arts d'Ottawa et le Sony Center de Toronto.

L'automne dernier, Michel Gagnon avait insisté sur le défi d'occuper la salle Wilfrid-Pelletier. La plus grande salle de spectacle à Montréal (avec ses 3000 sièges) a connu une baisse de fréquentation instantanée avec l'inauguration de la Maison symphonique il y a deux ans et demi.