Dieudonné ne donne jamais d'entrevue. Il déteste les journalistes qui le «diabolisent et le boycottent». Après son spectacle, il a signé des autographes et il s'est laissé prendre en photo avec ses admirateurs en faisant le geste de la quenelle.

Après la séance de signatures, je l'ai attrapé au vol. «Vous savez que je ne donne jamais d'entrevue», m'a-t-il prévenue.

Il a répondu poliment à mes questions pendant une quinzaine de minutes. Des réponses que je lui ai arrachées et qu'il m'a données du bout de lèvres. Résumé d'une drôle d'entrevue.

Dans votre spectacle, vous réglez vos comptes?

[Il fait la moue, hésite.] Je trouve ça un peu agressif comme expression. Je fais rire. Le public est présent, je suis très content.

Que signifie la quenelle?

C'est un geste antisystème, un geste d'émancipation. Nous aspirons à plus de liberté.

Ce n'est pas un salut nazi inversé?

Non. Vous devriez parler à mon avocat.

Avez-vous été choqué par l'interdiction de votre spectacle?

Pas spécialement. La France est en crise, rien ne m'étonne. Nous sommes nombreux à être choqués par l'état moral de la France. La société est bouleversée. Je suis un baromètre. Le rire permet de révéler des malaises. Je suis comme les bouffons de Louis XIV à la cour de France. Je parle des tabous et des interdits. Mon objectif est de faire rire. Je suis l'artiste français qui fait rire le plus de monde.

Avez-vous été étonné par l'ampleur de la controverse?

C'est le conseil d'État [une émanation du gouvernement] qui décide des limites de la liberté d'expression.

Vous êtes obsédé par les Juifs. Êtes-vous antisémite?

Non, je ne suis pas antisémite.

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Il s'est débarrassé de moi en me suggérant fortement de parler à son avocat, David De Stefano, qui tournait autour de nous.

De Stefano a affirmé que Dieudonné est victime de «mensonges grotesques». Pour se défendre, il multiplie les poursuites contre le ministre de l'Intérieur, le président de la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme, le président du Conseil des institutions juives, les journaux Le Figaro et Le Monde et les chaînes de télévision BFMTV et France 2.