Un vent de changement souffle sur le CALQ. Son nouveau président, Stéphan La Roche, veut adapter l'organisme aux dernières mutations du monde artistique.

M. La Roche se dit optimiste par rapport à l'augmentation du budget du Conseil des arts et lettres du Québec (CALQ) dans les prochaines semaines. Il n'a pas voulu dire que les souhaits du Mouvement pour les arts et les lettres (MAL) - une augmentation de 13 millions du budget du CALQ - seront complètement exaucés, mais il croit que son organisme trouvera de bonnes nouvelles dans le prochain budget du ministre des Finances, Nicolas Marceau.

«Je suis optimiste, déclare-t-il, souriant. Si j'étais pessimiste, je ne serais pas avec vous aujourd'hui.»

En poste depuis neuf mois et pour cinq ans, Stéphan La Roche parle avec assurance de la nouvelle vision qu'il est en train de mettre en place au CALQ et pour laquelle de nouveaux deniers seraient d'un grand secours, avoue-t-il. Les demandes de bourses et de subventions des artistes et des organismes culturels sont en hausse, et le CALQ peine à répondre à la demande.

«C'est un signe de vitalité de la culture québécoise. Ça crée une pression à l'interne. Alors toute aide financière supplémentaire serait la bienvenue», dit-il.

Réalités d'aujourd'hui

Le PDG du CALQ a déjà revu l'organisation de son organisme pour qu'il réponde davantage aux nouvelles réalités, comme le fait que les frontières entre les disciplines artistiques s'estompent de plus en plus.

«Il y a des danseurs qui font de la vidéo, souligne-t-il, des artistes visuels qui réalisent des scénographies. Il fallait que le CALQ prenne cette option rapidement. Il faut adapter les programmes, les critères, les jurys.»

Le président a également lancé quatre chantiers - le numérique, la diversité culturelle, le rayonnement et les changements démographiques - qui aideront l'organisme à mieux orienter son aide financière d'ici 18 mois.

La priorité reste le soutien à la création, mais Stéphan La Roche est conscient des baisses d'assistances, donc de l'importance du public et de son renouvellement, notamment auprès des communautés culturelles.

«Il faut miser sur nos succès, comme on le fait présentement au théâtre, croit-il. Le lien avec le milieu de l'éducation, il faut le maintenir. Et aussi, il faut améliorer la sensibilisation et la promotion. Il y a du travail pour faire croître le public. D'autant plus que nos créateurs sont parmi les meilleurs au monde.»

Numérique

Stéphan La Roche croit également que des collaborations avec la SODEC - qui aident davantage les entreprises culturelles - sont souhaitables, notamment d'éventuels programmes conjoints pour le secteur numérique, en littérature notamment.

Autre problématique québécoise francophone: le mécénat culturel. Questionné à ce sujet, M. La Roche avoue que le retard est là. Du même souffle, il ajoute que des progrès ont déjà été réalisés.

«Notre programme Placement culture a donné des résultats étonnants, parce ce sont les petites organisations en région qui en ont le plus profité. Dorénavant, nous allons aussi aider les organisations plus jeunes qui ont besoin de fonds immédiatement et celles qui font des tournées à l'étranger.»

Québec à Venise l'an prochain

Le président du CALQ, Stéphan La Roche, promet que le Québec sera de nouveau présent à la Biennale d'art contemporain de Venise en 2015. «Sans être un pavillon du Québec à Venise, il y a aura une action posée à la Biennale avec, peut-être, plus qu'un artiste. D'autant plus que la délégation générale du Québec à Rome fêtera son 50e anniversaire», précise-t-il. L'an dernier, l'artiste québécoise Raphaëlle de Groot avait impressionné les visiteurs de Venise avec une performance haute en couleur où elle déambulait pratiquement à l'aveugle parmi la foule et sur une gondole. Il y a fort à parier qu'une autre performance aurait aussi lieu l'an prochain. Stéphan La Roche se dit d'ailleurs «ravi» de l'effervescence des arts visuels québécois depuis cinq ans. «Le principal défi est le rayonnement à l'étranger, dit-il. Il y a un retard à ce sujet. On va mettre l'accent là-dessus en participant davantage aux Biennales.»