Cérémonie sympathique et souriante, hier, au Centre d'archives de Montréal, où deux sommités de la télévision et de la scène québécoises, le réalisateur et producteur Jean Bissonnette et le scripteur Jean-Pierre Plante, ont fait don de leurs archives à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).

«Ces fonds contiennent des perles d'humour que nous allons néanmoins conserver avec tout le sérieux que mérite la carrière de ces deux personnalités du monde du spectacle», a lancé Guy Berthiaume, PDG de BAnQ et ancien comparse de Plante dans La Quenouille Bleue, collectif musico-théâtral de l'UQAM des années 70.

La cérémonie était animée par l'ineffable Daniel Lemire, qui a travaillé avec les deux donateurs: «Quand on regarde ce qu'a fait Jean Bissonnette, on croirait lire le CV d'un groupe», a lancé l'humoriste, rappelant qu'il était plus facile de nommer les artistes avec qui n'avait pas travaillé M. Bissonnette, qui déjà en 1955, réalisait Pépinot et Capucine au «canal 2» avant de mener tous les Bye Bye des années 70, toujours à Radio-Canada.

«Jean Bissonnette m'a tout appris de mon métier», a pour sa part avoué Guy A. Lepage, qui a connu M. Bissonnette au talk-show Besoin d'amour, un succès ordinaire, mais plus encore à Un gars, une fille.

«On dit que je suis le fils spirituel de Jean Bisssonnette. En fait, je suis le fils danseur qu'il n'a jamais eu», a précisé «Guiya» en faisant référence, bien sûr, à Anik Bissonnette, fille de Jean, ancienne danseuse principale des Grands Ballets canadiens, aujourd'hui directrice artistique de l'École supérieure de ballet contemporain de Montréal.

Comblé

Jean Bissonnette, snoro s'il en est, a voulu parler avant son ami Plante pour ne pas suivre au micro un plus drôle que lui... Vieux pro. «Merci à Guy [Berthiaume] d'avoir insisté... Aujourd'hui, je ne te donne pas des archives; je te donne mes souvenirs d'une vie professionnelle qui m'a comblé.»

Comme metteur en scène, Jean Bissonnette a travaillé avec trois générations de Québécois, de Gilles Vigneault à Roch Voisine, de Jean Lapointe à Claude Meunier. On lui doit aussi, entre autres, les spectacles 1 fois 5 et J'ai vu le loup, le renard, le lion et le film Tiens-toi bien après les oreilles à papa (1971).

40 ans d'humour

Dominique Michel a présenté Jean-Pierre Plante, qui lui a écrit tant de sketches pour le Bye Bye - dont deux en direct en 1991 et 1992 - et les galas Juste pour rire. «Son» Jean-Pierre qu'elle a accompagné à l'hôpital du Sacré-Coeur et qu'elle a eu bien peur de perdre quand il a connu un déséquilibre de plaquettes (sanguines) il y a quelques années.

Plante a écrit pour à peu près tous ceux qui font ou ont fait de l'humour ici depuis 40 ans: Jean-Guy Moreau, Jean Lapointe, Croc, Broue, Piment fort avec Brathwaite...

«Ma blonde, la femme qui reste chez nous, a un vocabulaire très riche en fibres», a dit Jean-Pierre Plante en référence à la capacité critique de Christine St-Pierre, ancienne journaliste de Radio-Canada devenue députée libérale.

Plante s'est dit content d'avoir atteint le «fonds» à BAnQ, à qui il a légué 14 boîtes de «cossins» et autres «patentes à gosses», dont sa première page d'écriture «en 1re année G à l'école Sainte-Eulalie» où il a plus tard reconnu son destin d'humoriste: «C'était une page de i...»

En terminant, Daniel Lemire a donné ce conseil aux artistes québécois pour qu'ils suivent l'exemple d'Yvon Deschamps, Dominique Michel, Colette Boky, Jean Bissonnette et Jean-Pierre Plante: «N'oubliez pas de signer vos cartes de dons d'archives...»