Après avoir craint le départ des trésors patrimoniaux de Québec à l'extérieur de la province, leur transfert dans une autre ville québécoise est un moindre mal, affirme le Bloc québécois.

Ottawa a récemment décidé de fermer le centre de la ville de Québec où sont conservés des millions d'artefacts provenant notamment des fouilles historiques de la Nouvelle-France.

Conséquence des compressions annoncées dans le dernier budget fédéral, Parcs Canada voit ses fonds amputés de près de 30 millions $ au cours des trois prochaines années. Une centaine de personnes perdront leur emploi dans le département. À Québec, il ne restera que 34 employés sur 104.

Cela entraîne notamment la fermeture du centre de services de Québec qui s'occupe des trouvailles archéologiques, conçoit des expositions historiques et préserve les trésors patrimoniaux.

Les centres de Halifax, Winnipeg et Cornwall en Ontario seront aussi fermés, a indiqué l'Alliance de la fonction publique du Canada qui représente ces employés touchés de Parcs Canada. Le président local du syndicat, Yvon Beaudoin, redoutait une centralisation des activités de conservation à Ottawa.

C'est le Bloc québécois qui a mis au jour cette conséquence des coupes fédérales.

Le député Jean-François Fortin a interpellé deux fois cette semaine le gouvernement en Chambre, dénonçant ce redouté «hold-up de l'histoire québécoise».

Après une vague réponse lundi, le ministre de l'Environnement - aussi responsable de Parcs Canada - Peter Kent, a affirmé mercredi que les objets patrimoniaux de Québec seraient bel et bien transférés, mais resteraient en sol québécois.

«Je peux assurer au député que la collection en question restera au Québec, a confirmé M. Kent. Notre gouvernement reconnaît l'importance de la culture et du patrimoine pour les Québécois.»

Mais la décision aura tout de même des conséquences.

«Il est certain qu'il est préférable d'avoir des artefacts placés là où ils peuvent être admirés par le public, mais pour le moment, ils resteront en entrepôt», a souligné le ministre.

Le chef du Bloc québécois, Daniel Paillé, est satisfait que les artefacts restent au Québec, mais se désole quand même qu'ils quittent la capitale québécoise.

«C'est un moindre mal pour nous que ce soit au Québec, mais une des choses que l'on voudrait c'est que ces artefacts-là soient disponibles à la population, à ceux qui font des recherches, aux étudiants, aux touristes», a-t-il dit.

Il est d'avis que le gouvernement devrait mettre en valeur ces témoins de l'histoire québécoise.

«Là c'est mis en boîtes et puis ça va être entreposé alors que l'histoire, si on ne connaît pas notre histoire, bien on connaît pas notre avenir», a fait valoir M. Paillé peu après la confirmation du ministre.

Plus tôt en journée, l'affaire avait aussi rebondi à l'Assemblée nationale.

La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, s'était dite très préoccupée de la situation, mais admettait ne pas disposer de toutes les informations. Elle affirmait avoir écrit à M. Kent pour lui faire valoir que ces collections étaient extrêmement importantes pour l'histoire du Québec et qu'elles devaient demeurer en territoire québécois.

Quelle que soit leur destination finale, les 5 millions d'artefacts et les 55 000 objets ethno-historiques s'éloignent du lieu où ils ont été trouvés, a déploré M. Beaudoin.

Et cela entraînera une grande perte d'expertise et de connaissances à Québec, le berceau du pays et une ville faisant partie du patrimoine mondial de l'UNESCO, a-t-il fait remarquer.