L'immense dôme argenté de la Satosphère -18 mètres de diamètre par 15 mètres de haut- abrite la Société des arts technologiques depuis des mois, donnant à la Main un petit air de science-fiction. Mercredi soir, la SAT a présenté Intérieur, la toute première création conçue pour ce nouveau théâtre immersif avec projections panoramiques sur 360 degrés et son spatialisé en 3D. C'est au duo kondition pluriel, formé de Marie-Claude Poulin et de Martin Kusch, qu'est revenu l'honneur d'inaugurer la salle.

Événement multisensoriel et sensuel s'il en est un, puisqu'Intérieur comprend une dégustation de créations culinaires en lien avec l'oeuvre! Lorsque nous arrivons à l'étage appelé Sensorium de la SAT, vaste espace de bois blond et de béton gris, les chefs du Foodlab, le nouveau laboratoire culinaire du lieu (qui servira des brunchs!), sont déjà affairés à cuisiner les petites bouchées qui seront offertes pendant la représentation. Tout à côté, l'entrée de la Satosphère: quelques poutres, du ciment et des rideaux noirs; rien ne laisse deviner les univers qui s'ouvriront à nous lorsque nous prenons place sur les longs sièges de tissu noir qui entourent la scène.

D'entrée de jeu, des hôtes aux regards placides nous servent une bouchée de melon, basilic et sésame: elle explose en bouche! Des bruits de pas se font entendre derrière nous... Ou est-ce au-dessus de nos têtes? Nos sens sont en éveil... Le spectacle commence doucement.

Au milieu de la scène, une femme, repliée sur elle-même. Tout à coup, l'écrin de la Satosphère se couvre d'une couche miroitante, liquide. Dès lors, Intérieur nous entraîne dans une plongée en apnée dans un monde intra-utérin. Nous, spectateurs, avons une vue en contreplongée sur un monde qui nous enveloppe, un monde que l'on suppose être l'intériorité de cette femme confuse, hésitante. Nous sommes cachés juste sous la surface et nous ne pouvons que deviner ce qui se trame à l'extérieur. Même la multitude de sons ambiants, qui nous entourent, nous parvient comme étouffée.

Poulin et Kusch, habitués aux expériences multimédia interactives, y vont de propositions simples, en lien avec une série d'états changeants. Les humains sur la scène ne peuvent concurrencer avec l'immensité des projections immersives. Alors, ils deviennent judicieusement le point de départ : cri, pleurs, éclats de rire, paroles avortées... auxquels répond symboliquement l'environnement visuel. Images fracturées, des mains qui tentent de pénétrer la membrane, des coulées de sang, des forêts inquiétantes. Tout n'est qu'impressions, que suggestions.

De temps en temps, les hôtes distribuent d'autres petites choses qui nous explosent en bouche, titillant à nouveau notre goût, notre odorat. Ce premier spectacle dans la Satosphère, qui peut accueillir environ 250 spectateurs, a quelque chose d'agréablement déroutant et de rassembleur.

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Intérieur de kondition pluriel. Jusqu'au 15 octobre, 20h, à la SAT, en coproduction avec l'Agora de la danse.