La Chine s'installe au Louvre. À travers une magnifique exposition consacrée à la Cité interdite, le musée français propose, depuis jeudi et jusqu'au 9 janvier, de découvrir près de 800 ans d'une civilisation riche et raffinée, qui s'intéressait à l'Occident dès la fin du XIIIe siècle.

Les commissaires de l'exposition La Cité interdite au Louvre, empereurs de Chine et rois de France sont partis de ces deux anciens lieux de pouvoir, devenus de grands musées internationaux, pour croiser l'histoire des dynasties chinoises, établir des parallèles avec celle de la France et de leurs échanges très anciens.

Porcelaines, sceaux, tenues impériales, portraits peints sur des rouleaux de soie aux couleurs chatoyantes: grâce à plus de 130 objets et peintures prêtés, parfois pour la première fois, par le musée de la Cité interdite à Pékin, les visiteurs explorent dans trois parties du Louvre, à Paris, les thématiques de l'histoire de l'ancien palais.

Dans les salles de l'histoire du Louvre, aile Sully, sont rappelées les grandes étapes de la Chine, l'architecture comparée des deux anciens palais dans la salle de la maquette, près des Fossés médiévaux, et enfin les collections impériales dans l'aile Richelieu.

Insérés au milieu des collections permanentes réorganisées pour l'occasion, les objets de la Cité interdite sont mis en exergue par une scénographie bleue et des repères pour s'orienter dans le musée, ainsi que des commentaires en français, en anglais et en chinois.

Ambitieuse et didactique, l'exposition s'étend de la dynastie des Yuan (XIIIe) jusqu'à celle des Qing au début du XXe siècle, à travers des objets très personnels des grands acteurs de la dynastie Ming et Qing, comme Yongle, le fondateur de la Cité Interdite, contemporain de Charles VI, ou Qianlong qui, au XVIIIe siècle conduira l'Empire du Milieu au plus fort de sa puissance.

Les liens avec la France se nouent dès la fin du XIIIe siècle comme en attestent ces étonnantes lettres diplomatiques adressées par les Mongols alors à la tête de la Chine, au roi de France Philippe le Bel, pour s'allier contre les Mamlouks.

Même les néophytes peuvent admirer de magnifiques portraits comme celui choisi pour illustrer l'exposition, l'empereur Kangxi (1662-1722), représenté assis en tailleur dans sa bibliothèque, dans une tenue bleue, portant un chapeau rouge vif.

«C'est le portrait intime de l'empereur qui a ouvert la cour à l'Occident et encouragé les échanges intellectuels entre la France et la Chine, notamment par l'intermédiaire de Jésuites», souligne Jean-Paul Desroches, commissaire de l'exposition et conservateur général au musée Guimet.

Et ces influences étrangères apparaissent notamment dans ce portrait réalisé avec une perspective «à l'occidentale». Kangxi invite ainsi le peintre italien Giuseppe Castiglione (1688-1766), qui restera en Chine jusqu'à sa mort et servira trois empereurs de la dynastie Qing, dont Qianlong (petit-fils de Kangxi).

La personnalité de Qianlong a marqué l'histoire de la Chine par son règne de près de 60 ans et sa puissance, comme en témoigne la troisième partie de l'exposition qui présente une grande partie de sa collection «royale».

Passionné de chasse, l'empereur mandchou avait fait exécuter par Castiglione des portraits le représentant à cheval, en tenue d'apparat ou encore jouant du cithare. Ce «magicien de la culture», selon M. Desroches, a également fait peindre ses chevaux dont il était fou (des peintures exécutées sur rouleaux de soie jamais sortis de Chine), un bestiaire d'une beauté et d'une modernité étonnantes.

> En savoir plus: La Cité interdite au Louvre, empereurs de Chine et rois de France