Carnet en main, elle est allée au Mali, en Birmanie, en Syrie, au Liban. En Haïti aussi, toutes destinations dans lesquelles son ami Dany Laferrière a vu une «inclination» vers la justice et l'entraide, vers «les autres qu'elle absorbe».

«L'Art allume, instruit, tend la main», avait d'abord suggéré le sculpteur Daniel-Jean Primeau, vice-président d'Artistes pour la paix, avant de poser la question à la cinquantaine de personnes réunies hier matin à la Chapelle du Bon-Pasteur: «L'humain de paix serait-il un humain d'art?»

Comme réponse, le président du regroupement, le pianiste Pierre Jasmin, a dévoilé l'Artiste pour la paix 2010: la comédienne et militante Pascale Montpetit. Humaine dans son art autant que dans son désir de paix, la lauréate a d'abord remercié sa mère, Madeleine Caron, qui a longtemps travaillé à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et qui a légué à sa fille la capacité de «s'indigner».

«La paix est un art», dira par ailleurs Pascale Montpetit, personnalité énergique et énergisante bien connue dans le monde du théâtre et que les téléspectateurs ont appréciée dans des séries aussi différentes que Blanche et Trauma. «Un art qui consiste à se mettre à la place de l'Autre... Vaste programme quand on sait les différences qui peuvent nous séparer.»

Pascale Montpetit, mère depuis un an et demi d'une jeune princesse vietnamienne répondant au nom de Carla, s'est affichée pour les droits des Palestiniens autant que pour ceux des femmes et des enfants. Et comment garder espoir devant la guerre, devant toutes ces guerres? «Nous sommes exposés, sans arrêt, à tellement d'images. On ne peut pas s'en sortir si on prend ça en bloc: il faut diviser les choses, les prendre une à la fois...»

Et Pascale Montpetit - elle succède à Chloé Sainte-Marie au titre d'Artiste pour la paix - cite Tolstoï, l'auteur de Guerre et paix qui ne voyait qu'un moyen de mener quelque quête que ce soit: «sans hâte et sans repos»...

Dans une cérémonie touchante et chaleureuse, Artistes pour la paix a aussi remis son prix Hommage à Raymond Lévesque, «travailleur» de la chanson et défenseur des ayant-peu pour qui, quel que soit le conflit, «Il n'y a pas de solution politique/Toute solution vient du coeur.» De sa voix cristalline, Marie-Marine Lévesque a chanté Quand les hommes vivront d'amour, hymne planétaire écrit par son père. À 82 ans, le poète du peuple ne l'entend plus depuis longtemps mais ils doit encore en sentir les vibrations: «Les soldats seront troubadours...»