La scène politique actuelle fourmille d'histoires de corruption, de financements occultes et d'éthique élastique? Les parlementeries 2010 prend la balle au bond et invite les Montréalais à venir en rire... et y réfléchir.

Une des plus belles joutes politiques des Parlementeries 2010 risque d'être celle opposant le ministre des Finances, Martin Drainville, et le jeune député du PVQ (Parti vraiment québécois), chef de l'aile jeunesse, Billy Tellier. Le plus jeune veut changer les choses. Le ministre en a lourd sur la conscience. Et tous deux ont bien de la gêne en commun.

«Il a tout pour être un bon ministre des Finances mais il doit vivre avec la ligne de parti et il est surtout à un mois de faire une grosse dépression ou de dévoiler tout ce qu'il sait, dit Martin Drainville en entrevue. C'est un politicien qui n'a pas de charisme et qui vit sous la pression de son chef et de son parti et en même temps sous la pression de sa propre éthique.»

Doit-on y voir une ressemblance avec l'affaire Marc Bellemare? «Dans le show, je n'ai pas autant d'aplomb que Marc Bellemare, dit Martin Drainville. On n'aurait pas besoin de me cuisiner autant avant que je craque! Non, en termes de ressemblance, Gérald Tremblay, ça pourrait être de cet ordre-là. On sent qu'il veut mais...»

De son côté, Billy Tellier joue un jeune blanc-bec de la politique qui critique les attitudes pépères des politiciens de métier. Les affres de la génération «sacrifiée» et l'omnipotence des baby boomers sont aussi le cheval de bataille de Billy Tellier.

«Mon personnage est un peu baveux, dit-il. Je veux qu'on règle les problèmes rapidement. Je suis assez direct, assez de mauvaise foi aussi. Je porte l'étendard de ma génération, très en faveur des nouvelles technologies, et je demande aux jeunes d'aller voter.»

Martin Drainville et Billy Tellier ont plusieurs échanges qui virent à la chicane. On comprend après l'entracte que l'affrontement n'est pas seulement lié à un conflit de génération, mais à une plaie plus profonde.

Assis à côté de la députée Diane Lavallée, Billy Tellier dit bénéficier de l'expérience de sa voisine dans le domaine de la comédie. «Elle est vraiment généreuse avec moi, dit-il. Quant à Luc Picard en répétition, c'est impressionnant. Ces comédiens, ils ont le talent, le sens du timing, c'est incroyable.»

Martin Drainville se passionne pour cette expérience de scène qui lui permet d'aborder un sujet qu'il affectionne particulièrement: la politique. «Aujourd'hui, on élit les gens sur leur capacité à nous faire croire qu'ils sont compétents, dit-il. Quand tu es un politicien plus réservé, tu te fais manger.» «Et nous les jeunes, on vote plus pour faire perdre quelqu'un!» ajoute Billy Tellier.

Nostalgie

En filigrane de ce show des Parlementeries mis en scène par Dominic Anctil, il y a un souci de ne pas ajouter au cynisme ambiant, mais aussi, dit Martin Drainville, une certaine nostalgie de l'époque où les premiers ministres du Québec avaient une autorité innée qui éblouissait et rassurait en même temps.

«René Lévesque se foutait du matériel, il était intègre et brillant et savait cerner nos réels besoins, dit-il. On dirait qu'aujourd'hui, on revient à la fin des années 50 avec le patronagwe, les histoires de financement des partis et de corruption. En plus, il n'y a pas de débat d'idées. La table est mise pour un sauveur!»

Luc Picard est-il ce sauveur dans les Parlementeries. «Non, il fait seulement figure d'autorité», dit Martin Drainville.

Les parlementeries, du 28 au 30 octobre au Théâtre Saint-Denis.

LUC PICARD

Premier ministre, chef du Parti présentement au pouvoir (PPP)

MARTIN DRAINVILLE

Ministre des Finances

DANIÈLE LORAIN

Ministre de la Santé et des Aînés

LUC GUÉRIN

Ministre des Transports et des Infrastructures

MARIE-LISE CHOUINARD

Ministre de l'Éducation et de la Culture

BILLY TELLIER

Chef de l'aile jeunesse du PPP

LAURENT PAQUIN

Chef de l'opposition et du Parti vraiment québécois (PVQ)

ANDRÉ ROBITAILLE

Chef du Parti du vrai monde (PVM)

LES DENIS DROLET

Chefs du Bloc brun

DIANE LAVALLÉE

Députée déconnectée de la réalité

PAULINE MARTIN

(Rose-Aimée Dupuis) Députée du gros bon sens

MARCEL LEBOEUF

Président de l'Assemblée nationale