La Galerie de l'UQAM présente jusqu'au 21 novembre prochain une mini-rétrospective des oeuvres du réputé artiste colombien Oscar Muñoz. Rencontre avec un maître du temps.

L'exposition Imprints For a Fleeting Memorial [Traces d'une mémoire évanescente] d'Oscar Muñoz offre, en une dizaine d'oeuvres, un aperçu d'un travail de plus de 30 ans destiné à capturer des moments, à saisir l'insaisissable, autrement dit.

«Ce qui m'intéresse, c'est l'instant, a confié l'artiste quinquagénaire en entrevue à La Presse. Dans un seul instant, on peut trouver toute une vie.»

Pour l'artiste, c'est dans son «apparente compression ou extension» que le temps devient intéressant. En ce sens, l'instant, voire l'instantané, recèle des richesses inouïes.

«La photographie existe depuis toujours, fait-il valoir. Quand les hommes des cavernes dessinaient sur les murs, c'était comme des photos. Et ils captaient quelque chose d'indicible, bien plus que des animaux.»

En même temps, il dit reconnaître, et son oeuvre est d'une telle éloquence à ce sujet, que l'humain passe dans le temps, s'écoule inexorablement. L'oubli nous guette. Nostalgique, Muñoz?

«Peut-être un peu, avoue-t-il, mais cela m'intéresse autant de montrer notre lutte continuelle, comme Sisyphe sur sa montagne, pour recommencer sans cesse et, en fait, espérer.»

La présentation à la Galerie de l'UQAM réunit une palette qui va de la photographie à la gravure en passant par le dessin, l'installation, la vidéo et la sculpture.

L'artiste aime expérimenter avec de nouveaux matériaux: de la soie sérigraphique déposée sur de l'eau, des cubes de sucre, du café, des coupures de journaux, des cigarettes.

Les résultats fascinent d'abord par la simplicité des dispositifs qui expriment la fragilité de la mémoire. De la poudre d'argent sur l'eau qui, avec l'évaporation, se dépose au fond d'un bac en une image aléatoire, triste reflet du portrait de départ.

Dans une vidéo, la main de l'artiste peint, avec de l'eau, des portraits de disparus sur des pierres placées à l'air libre. Même chose ailleurs, où le visage de l'artiste est reflété par une flaque d'eau au creux de sa main.

La disparition des images des uns et des autres nous happe. Notre mémoire est ensuite sollicitée par la démarche. Dans un troisième temps, une réflexion s'enclenche sur cette quête métaphysique de l'instant.

Oscar Muñoz nous amène subtilement au coeur de ce qui nous manquera toujours désespérément, mais que nous tenterons, jusqu'à la toute fin, de vouloir retenir et chérir. La vie elle-même.

Le commissariat de l'exposition est assuré par José Roca. Elle est organisée par le Prefix Institute of Contemporary Art de Toronto.

OSCAR MUÑOZ, à la Galerie de l'UQAM jusqu'au 21 novembre. Infos: www.galerie.uqam.ca