Céline Dion entonnant La vida en rosa - version espagnole de La vie en rose - ou interprétant une pièce dans la langue de Cervantes en duo avec Shakira?

Voilà qui permettrait à la star québécoise de conquérir un marché de plus de 500 millions de personnes un peu négligé jusqu'à présent, soutient une étude de l'Université de Montréal intitulée Chantons en espagnol avec Céline Dion, qui a été envoyée à l'équipe de la chanteuse et que La Presse a obtenue en primeur.

L'entourage de Céline Dion indique qu'elle n'a pas fermé la porte à l'idée d'explorer ce territoire. «Je suis persuadée qu'ils (René et Céline) se disent: à un moment donné, on va régler ça», affirme Francine Chaloult, attachée de presse du couple, en précisant toutefois que ce marché demeure «très fermé».

Jusqu'à maintenant, les fans hispanophones de l'artiste n'ont pas obtenu leur juste part du gâteau. Depuis le début sa carrière, Céline a donné au moins 1300 concerts, mais n'est montée qu'à quatre reprises sur les scènes sud-américaines, indique l'étude réalisée par le Groupe de recherche sur l'espagnol en Amérique (GREA) de l'Université de Montréal.

Son absence ne semble pourtant pas nuire à sa popularité: Céline Dion était en nomination dans la catégorie musique pop en langue étrangère lors du gala Lunas del Auditorio 2009 qui se tenait hier soir à Mexico. Elle faisait partie des candidats en lice - avec entre autres Madonna, Alanis Morissette et les Back Street Boys - pour sa série de trois spectacles donnés en territoire mexicain en décembre 2008 dans le cadre de sa tournée mondiale Taking Chances.

Une nomination qui montre bien que la chanteuse a ce qu'il faut pour percer sur le marché du Mexique et de l'Amérique latine, qui compte 550 millions de personnes, estime Enrique Pato, professeur au département de littérature et de langues modernes de l'UdeM et auteur de l'étude, en collaboration avec 14 de ses étudiants.

Le document de plus d'une centaine de pages propose plusieurs pistes à la chanteuse. Elle devrait d'abord multiplier ses spectacles dans ce coin du monde.

«Pour le moment, les gens ne la connaissent pas personnellement, souligne Enrique Pato. Et pour le public latino, c'est fondamental, ajoute-t-il. Pour percer là-bas, c'est important que l'artiste se rende sur place et s'intéresse à la culture des gens.»

À preuve, après avoir donné sa série de spectacles au Mexique, les ventes d'albums de la chanteuse dans ce pays ont triplé, souligne le chercheur.

«Si l'on compare la promotion qu'entreprennent des artistes tels Madonna, U2, The Police, Enrique Iglesias et Christina Aguilera pour leurs albums dans le monde hispanophone à celle de Céline, on peut estimer que l'effort de promotion de l'oeuvre de l'artiste dans le marché musical hispanophone demeure modeste», indique le document.

Autre élément important: la réalisation d'un disque entièrement en espagnol. Céline Dion a déjà enregistré quelques chansons dans cette langue comme Mejor decir adios (It's Hard To Say Goodbye) et Aun existe amor (L'amour existe encore).

«La majorité des fans latinos, dont plusieurs se sentent délaissés par Céline, se disent emballés à l'idée d'un disque en espagnol», mentionne l'étude. Par ailleurs, ce futur album «doit être adapté au public convoité pour qu'il soit un succès». Pour ce faire, on lui propose d'interpréter des chansons en duo avec des artistes latino-américains connus: Juanes (Colombie), Ricky Martin (Porto Rico), Luis Miguel (Mexique) ou encore Shakira (Colombie).

Inspirés par la performance de l'artiste québécoise avec l'hologramme d'Elvis Presley, les chercheurs suggèrent le même type de performance avec le légendaire chanteur espagnol Nino Bravo, mort en 1976.