L'engouement des Français pour la télé québécoise ne semble pas se démentir. Devant cet intérêt grandissant, les producteurs d'ici poussent l'audace en tentant de vendre aux télédiffuseurs de l'Hexagone des émissions en ondes depuis peu au Québec ou qui ne sont même pas encore parues au petit écran, a appris La Presse.

Les séries Yamaska, en ondes à TVA depuis le mois dernier seulement, ou encore Mirador, qui sera diffusée à Radio-Canada en 2010, pourraient bien se retrouver à la télévision française s'ils trouvent preneurs à l'occasion de la deuxième Vitrine TV Québec à Paris. Cette grande rencontre entre les producteurs d'ici et les diffuseurs français, organisée par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), aura lieu en décembre. L'an dernier, TF1 et France Télévision comptaient parmi les invités qui ont répondu à l'appel. Une nouveauté cette année: selon nos informations, des télédiffuseurs belges et suisses pourraient également se rendre dans la Ville lumière pour assister aux visionnements des téléséries québécoises.

Cette année, au moins six producteurs québécois s'envoleront pour Paris en apportant dans leurs valises des séries toutes neuves, signe qu'ils sont confiants que ces émissions - qui n'ont pas encore passé le «test» de leur auditoire premier - pourraient trouver un second souffle à l'étranger. En direct sur l'univers, Aveux, Yamaska, Ni plus ni moi, Mirador et Toute la vérité font partie de la liste des productions qui seront présentées en France.

«Ça fait partie de la confiance de l'industrie (envers ses produits), confirme Jocelyn Deschênes, président de Sphère média plus, qui produit notamment Les hauts et les bas de Sophie Paquin. Je pense que c'est la maturité de notre industrie qui est en train de s'installer. En plus, on était là l'an dernier. Je ne suis pas pour leur montrer nos vieilles affaires. J'aurais l'impression de faire du surplace et de nuire à l'image de mon entreprise. La nouveauté a un attrait important.»

Pour ce faire, M. Deschênes présentera aux Français ses trois plus récentes productions: Ni plus ni moi, Mirador et Toute la vérité. Elles ne seront pas en ondes au Québec avant 2010.

En leur montrant ces nouveautés, le producteur veut lancer un message clair aux télédiffuseurs: «Vous avez vu nos anciennes séries et vous les avez trouvées bonnes. Regardez, on en sort trois autres et je pense qu'elles sont au moins aussi bonnes.»

Du côté de TVA Films, la directrice des ventes internationales (télévision), Nathalie Larivière, atterrira à Paris avec la même confiance que son confrère. Elle présentera notamment aux Français la toute nouvelle télésérie Yamaska, mettant notamment en vedette Chantal Fontaine, Normand D'Amour et Élise Guilbault.

«C'est une nouvelle sorte de téléroman, c'est rafraîchissant, estime Nathalie Larivière. Je crois que ça peut parler aux Français.» Elle ajoute également que ce genre d'histoire, qui met en scène quatre amis qui devront traverser des moments difficiles à la suite du décès de l'un d'eux, est facilement exportable.

«L'action peut se passer à peu près n'importe où. Ça peut être une histoire qui se passe dans n'importe quelle famille du monde, poursuit-elle. À partir de ça, tout est possible.»

Par ailleurs, si Vitrine TV Québec à Paris a lieu une fois de plus cette année, c'est que la manifestation a fait ses preuves l'an dernier, estime Ann Champoux, directrice générale cinéma et production télévisuelle à la SODEC. Les producteurs ont effectivement de rares occasions de rencontrer directement les télédiffuseurs, généralement peu accessibles.

«La formule est bonne, croit Mme Champoux. On ne fait pas de bla-bla. On explique qui nous sommes en cinq minutes et go: on présente immédiatement (les productions).»