Qu'il chante à l'Olympia ou dans une petite salle en province, Gilles Vigneault le fait avec le même respect. Mais sur la scène de la salle mythique de Paris, hier soir, à la veille de ses 81 ans, Gilles Vigneault a chanté avec une incroyable énergie, porté par l'accueil d'un public qui lui a servi une ovation dès son arrivée derrière le micro.

C'était la troisième fois que j'assistais au concert de la tournée Chemin faisant et c'était certainement la performance la plus intense des trois.

L'Olympia, une salle de 2200 places, était remplie aux trois quarts et, au parterre, on a pu apercevoir Hubert Reeves, Hugues Aufray, Fabienne Thibault, le conteur Fred Pellerin, la comédienne Karine Vanasse et Pascal Assathiany, éditeur chez Boréal.

Pour ses amis, comme pour ses admirateurs, Gilles Vigneault a donné ses chansons de tout coeur. Dès le début du concert, il a attaqué avec force la montée mélodique de Si les bateaux, dont le public a entonné avec lui le refrain. L'artiste réussit dans ce concert ce que peu de chanteurs au long parcours peuvent faire: au lieu de s'asseoir sur des succès d'hier, il a présenté un grand nombre de chansons récentes, celles de son très beau disque Arriver chez soi, accueillies avec une grande ouverture.

Le talent de mélodiste de Gilles Vigneault est indéniable. On a tendance à l'envisager comme un poète d'abord, mais le compositeur se réinvente à chacune de ses chansons. Et quand il se fait conteur, il est irrésistible. Son monologue sur le temps, qu'un citadin débarqué à Natashquan achète en baril avant de réaliser qu'il fuira sur le bateau, est une pure merveille.

Infiniment tendre dans la magnifique Je n'ai pas cessé de t'aimer, vif et énergique dans Jack Monoloy, expressif à souhait dans Lucas l'écolo, M. Vigneault nous a fait voyager dans son pays intérieur comme dans ses paysages extérieurs. Car évidemment, il y a eu plusieurs chansons pour dire l'amour du Québec et de ses gens: Les gens de mon pays, interprétée avec une intensité remarquable, Mon pays, C'est à Natashquan et La danse à Saint-Dilon, livrée avec des pas de danse.

Le quasi-hymne national, Gens du pays, a été chanté par les musiciens de Gilles Vigneault au moment où l'artiste offrait ses salutations. «Mon cher Gilles, c'est à ton tour...» Ils avaient en main un immense gâteau d'anniversaire, rempli de bougies, que M. Vigneault est parvenu à éteindre d'un seul souffle. Le public est aussitôt entré dans la chanson et des centaines de voix se sont élevées pour célébrer l'homme du pays et le pays dans l'homme, pour dire merci, pour dire bonne fête.