Si les malades peuvent difficilement fréquenter les salles de théâtre, l'OSM ou encore l'opéra, c'est la culture qui viendra à eux. Parole de Christian Paire, directeur général du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).

Il avait déjà fait part il y a quelques mois de ses intentions d'amener différentes formes d'art dans les murs de son établissement de santé, mais il est allé plus loin hier, au cours d'une conférence de presse où la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, a donné le coup d'envoi des consultations qui mèneront à la création de l'Agenda 21 de la culture. Ce plan d'action permettra de revoir la politique culturelle québécoise et de déterminer de quelle façon elle peut contribuer au développement durable de la société.

Encore très abstrait, ce concept d'Agenda 21 est inspiré de ce qui a été lancé à Barcelone en 2004, à l'occasion du Forum universel des cultures. «Pour le moment, c'est une démarche qu'on entreprend, a expliqué la ministre. On veut revoir la politique, la bonifier.»

Quels sont les projets qui pourraient naître de cet Agenda 21? La ministre St-Pierre cite en exemple la culture et la santé. Selon elle, il faut trouver des façons d'amener les arts dans des milieux où ils sont actuellement absents.

De là l'intention du grand patron du CHUM d'attirer danseurs, chanteurs, comédiens et musiciens au centre hospitalier, au beau milieu des patients et du personnel. Déjà, en novembre, un groupe de danseurs viendra se produire dans trois services de l'hôpital.

Et il y a fort à parier que ce genre d'initiative fera boule de neige puisque Christian Paire siège à un comité externe - en compagnie de Simon Brault (Culture Montréal), Françoise Bertrand (Fédération des chambres de commerce du Québec) et Désirée McGraw (Fondation Jeanne Sauvé) - chargé de créer des activités et engager des discussions qui permettront de jeter les bases de l'Agenda 21 qui seront dévoilées l'été prochain, à l'occasion du 50e anniversaire du ministère de la Culture.

« (Ce genre de projet) amène un autre regard sur l'hôpital», estime M. Paire, qui aimerait également accueillir au CHUM des artistes en résidence.

Le directeur général veut aussi discuter avec l'OSM et l'Opéra de Montréal. Et que répond-il à ses détracteurs qui affirment qu'avant d'investir pour les arts dans les hôpitaux, il faudrait avant tout injecter davantage de ressources financières dans un réseau de la santé déficient?

«Je considère que l'art, ce n'est pas anecdotique, a souligné Christian Paire. Je ne considère pas que c'est un luxe. Et l'argent, il faut aller le chercher ailleurs que dans le réseau, ça, c'est sûr.»

De nouveaux projets

Par ailleurs, le fait que Québec se dote d'un Agenda 21 est-il un signe que davantage de projets culturels seront mis en branle? Alors que Toronto vient à peine d'inaugurer le Bell Lightbox, considéré comme le plus beau complexe cinématographique du pays, les initiatives de ce genre se font toujours attendre au Québec. La ministre St-Pierre n'est toutefois pas d'accord avec l'idée que les projets n'aboutissent pas ici.

«En 2007, le Quartier des spectacles et l'Adresse symphonique n'étaient pas sortis de terre, a-t-elle cité en exemple. Ce sont de gros chantiers.» Mme St-Pierre croit également que le 50e anniversaire de son ministère pourrait donner lieu à des initiatives intéressantes au cours de la prochaine année.