Quand La Presse est arrivée dans l'immense loft de Realisations.net, immeuble situé près du parc Jarry, Roger Parent était seul. Où sont vos employés? «Ils travaillent tous avec Ex-Machina à Québec, répond-il, sur le projet d'opéra de Wagner de Robert Lepage au Met de New York.»

Roger Parent n'est pas une figure médiatisée de l'univers du spectacle québécois. Pourtant, son entreprise Realisations.net est mondialement connue dans le milieu de la création et de la conception architecturales. Et Roger Parent a plus de 5000 spectacles dans son curriculum vitae.

Il a été une des âmes du Cirque du Soleil avant de quitter la troupe de Guy Laliberté en 1994, deux ans après la création de Fascination, une récapitulation des premiers spectacles du Cirque, jouée 118 fois au Japon.

Realisations.net a conçu et fabriqué les costumes et les tissus de la troupe des Backstreet Boys, ainsi que les effets spéciaux et les pièces qui, manipulés par le groupe, représentaient le feu, l'eau, le vent et la terre, lors de leur Black & Blue World Tour de 2001. Mais la boîte a conquis bien des marchés depuis. À Las Vegas, les lieux les plus branchés ont fait appel à Roger Parent pour créer des sculptures de lumières dans des halls d'accueil, dans des lounges et des buffets de restaurants, de bars, d'hôtels, de casinos et de discothèques.

«Ces réalisations architecturales peuvent rouler des années car on peut faire des changements, apporter du nouveau contenu ou faire des réglages à distance par ordinateur, dit-il. Tout est fabriqué à Montréal. On sous-traite ou on crée quand ça n'existe pas.»

Les «flammes» sur la glace derrière les patins des joueurs du Canadien de Montréal au Centre Bell durant les séries éliminatoires de 2009 et 2010, c'était aussi l'oeuvre de Realisations.net. Tout comme les 800 lumières LED interactives sur un mur de l'hôtel Hyatt Regency de Montréal. La collaboration, tant discrète que secrète pour l'instant, à la production du Ring de Wagner mis en scène par Lepage à New York ajoute à l'ampleur de l'expérience de cette entreprise symbole de la créativité québécoise. Car Roger Parent ne travaille pas seul. Il fait appel à tout ce qui bouge et à tout ce qui crée pour sa machine à transformer les rêves en réalité.

«On est une bibitte à plusieurs têtes, dit-il. On gère la créativité. On embauche des jeunes multidisciplinaires, car on travaille dans l'intangible. Une bonne idée, comment on gère ça? On part de là.»

Touche à tout

Roger Parent a touché à tout, au cinéma, à la photo, à l'électronique, au cirque. «Quand on est intéressé par la créativité, on fait l'éponge de tout ce qui passe, dit-il. Notre créativité s'est développée par affinité et par opportunité.»

Au printemps dernier, il a constaté un ralentissement de ses activités américaines à cause de la situation économique. «Las Vegas est plus tranquille, dit-il. Tous les projets géants de 500 millions ont été mis sur la glace. Mais là, ça reprend. On a des projets interactifs à Las Vegas et au Qatar.»

Avec le ralentissement des mégaprojets privés, il s'est donc tourné vers les expositions, la scénographie et les projets de musée. De quoi s'occuper un bon moment. «On a beaucoup de projets avec les Européens, un musée sur le cerveau, un sur le vin, un sur les dinosaures, un sur les religions de Jérusalem, un sur les Jeux olympiques et un sur la télévision interactive, dit-il. Des projets de longue haleine. Tout comme une participation au musée de l'auto de Turin qu'ils veulent retaper.»

Roger Parent a créé sa boîte il y a dix ans. Il dit qu'il passera le flambeau d'ici cinq ou six ans. «Peut-être pour faire de la photo, dit-il. De toute façon, il faut constamment être en déséquilibre si on veut marcher.»

Pour plus de détails: www.realisations.net