Comme par les années passées, le Village des Nuits d'Afrique clôt le festival se consacrant aux musiques du monde. Ouvert depuis jeudi après-midi, il ne sera fermé qu'à la fin de la soirée dominicale.

Les spectacles gratuits du festival y culmineront ce week-end sur la grande scène extérieure de la Place Émilie-Gamelin. Et l'on ne compte pas l'Agor'Afrique, enclave du Village qui présente d'autres activités culturelles (petits spectacles et ateliers), la terrasse Nuits d'Afrique qui y offre nourriture et boissons afros, un secteur consacré aux enfants ainsi que le marché Tombouctou qui autorise la vente de vêtements, bijoux, instruments de musique et objets d'art.

« Les concerts gratuits ont pour objet de faire découvrir la scène locale de la musique du monde et d'offrir également aux festivaliers montréalais des cadeaux de la scène internationale, dont certains ont déjà été présentés en salle pendant les Nuits d'Afrique », rappelle sa responsable.

À l'instar de son collègue Frédéric Kervadec qui assure la programmation en salle des Nuits d'Afrique, Hélène Dimanche assure la conception d'un volet incontournable du festival qui se termine... dimanche. Les deux jeunes programmateurs s'appliquent d'ailleurs à rajeunir en douceur une formule implantée depuis près d'un quart de siècle.

« On reste dans le même créneau musical mais on essaie d'ouvrir, dit-elle. Pour les concerts extérieurs, d'ailleurs, on peut compter de plus en plus sur notre scène locale. En deux ans, j'y ai observé une véritable évolution de la qualité. Parmi les groupes montréalais ou canadiens qui se produiront ce week-end, près d'une douzaine ont déjà leur album. » 

La scène locale de facture world, insiste Hélène Dimanche, se développe très rapidement. À Montréal, fait-elle observer, elle déborde enfin son cadre ethnique. Elle s'exprime entre autres au  Divan Orange, au Quai des brumes, au Consulat, à L'Alisée, aux Bobards, et bien sûr, à l'inoxydable Balattou.

« À force de travailler, croit-elle, ces musiciens sont capables de présenter des spectacles vraiment bien rodés. Ils se développent aussi à travers notre concours Les Syli d'or de la Musique du Monde, organisé par les Nuits d'Afrique, qui ont culminé à la grande finale le 6 mai dernier. Nos critères les plus importants étaient la cohésion, l'originalité et la qualité de la prestation sur scène. »

Inutile d'ajouter que les gagnants se retrouvent sur scène ce week-end.  

« Jeudi, explique Hélène Dimanche, Kabakuwo a inauguré la programmation extérieure. D'inspiration ouest-africaine, cette formation regroupe un Malien, un Sénégalais, trois Québécois - koras, contrebasse, percussions, guitare.

Mayé réunira dimanche des artistes montréalais issus de l'Île Maurice, de la Réunion et de  Madagascar. Ces 11 musiciens mêlent les styles sega (Maurice) et  maloya (Réunion). Également dimanche, Djidji, Syli de bronze, réunit des Montréalais originaires de Côte d'Ivoire.

Autre formation qui retient notre attention, Bambara Trans, révélation Radio-Canada 2010 / musiques du monde, se produira vendredi sur la grande scène du Village. Khalil Abouabdelmajid, leader marocain de la formation, est débarqué à Montréal il y a cinq ans. Père berbère, mère arabo-andalouse, ouvert sur le monde.

« Nous de Bambara Trans, dit-il, essayons d'éviter les étiquettes musicales. Nous essayons de toucher à tout, de l'afrobeat au funk, en passant par l'électro, le punk rock et les sonorités arabisantes. Ce vendredi, nous serons six sur scènes : deux Marocains, un Français et trois Québécois. Nous chantons en arabe, en bambara et en français. »

Lorsqu'on avoue à Khalil découvrir à peine son groupe qui a lancé un premier album il y a deux ans, il s'exclame : « Il faut s'intéresser aux bands de la scène montréalaise, ça vaut vraiment la peine ! Certains sont en train de devenir meilleurs que d'autres qui tournent partout dans le monde. Sérieusement, le niveau est très fort, rajeuni et diversifié.  »

À ces nombreux groupes locaux (et canadiens) prévus au Village s'ajoutent les internationaux. Ce vendredi : le Sénégalais Lamine Touré, la chanteuse sud-africaine Nomfusi, la chanteuse et guitariste française Marianne Aya Omac, l'Ivorien Ismaël Agana. Ce samedi : le Congolais, Diblo Dibala, et le chanteur sénégalais Omar Pene. Ce dimanche : le Guinéen Koundouwaka, le Zimbabwéen Oliver Mtukudzi.