La publication d'une récente étude établissant un lien direct entre la consommation excessive de la télévision chez les enfants et les difficultés à l'école a pour effet de démoniser le petit écran et de culpabiliser les parents.

C'est du moins ce qu'affirmait la semaine dernière l'Alliance pour l'enfant et la télévision (AET) après analyse des résultats de cette étude réalisée par des spécialistes de la petite enfance de l'Université de Montréal, du Centre de recherche du CHU Sainte-Juste et de l'Université du Michigan. Les experts du Groupe de recherche sur les jeunes et les médias de l'Université de Montréal (GRJM), consultés par l'AET, émettent eux aussi des réserves.

Rendue publique au début du mois de mai, l'étude conclut notamment que les jeunes âgés entre 2 et 4 ans qui sont rivés au petit écran plusieurs heures par jour éprouvent ensuite de la difficulté à l'école et mangent davantage d'aliments nocifs pour la santé. Plusieurs artisans qui oeuvrent dans l'univers télévisuel des enfants n'ont pas manqué de dénoncer ces résultats.

«Il s'agit encore malheureusement d'une étude qui démonise la télévision et qui culpabilise les parents, alors que les vraies conclusions de l'étude démontrent que c'est plutôt un manque de ressources dans l'environnement familial et social qui influencerait davantage les comportements de consommation de la famille, y compris ceux des enfants», mentionne la directrice générale de l'AET, Caroline Fortier.

Elle déplore également le fait que les chercheurs n'aient pas évalué le type d'émissions regardées par les tout-petits: Cornemuse ou bien Occupation double? Mme Fortier reproche aussi aux auteurs de l'étude de ne pas avoir observé les enfants pendant qu'ils regardaient la télévision. «Quand on fait une étude et qu'on ne fait que demander aux parents combien d'heures par jour passe leur enfant devant la télévision, c'est clair qu'on est biaisé, soutient-elle. Il manque un travail de terrain.» Cette lacune a également été soulevée par le GRJM qui se questionne sur la méthodologie de l'étude notamment en ce qui concerne le manque de précision entourant la définition donnée à l'expression «regarder la télévision». Est-ce que l'enfant visionnait réellement ce qu'il y avait à l'écran ou se trouvait-il simplement dans une pièce où un appareil était allumé?

Concernant le lien entre le petit écran et les difficultés à l'école, la directrice de l'AET relève également une lacune. «On ne parle pas dans cette étude-là de tous les enfants qui ont regardé la télévision et qui ont des baccalauréats, des maîtrises, des doctorats...»