Fort de l'appui de la population, le créateur plagié par Cinar, Claude Robinson, est maintenant bien armé pour poursuivre son combat devant les tribunaux. La campagne lancée la semaine dernière pour lui venir en aide financièrement a permis d'amasser jusqu'à maintenant plus de 260 000 $.

L'homme qui se bat depuis 14 ans pour faire valoir ses droits d'auteur a réussi à rallier quelque 5000 personnes. Ces donateurs ont versé en moyenne pour cette cause une somme de 50 $, par l'entremise du site internet de l'Opération Claude Robinson. Certains, qui ont croisé le créateur dans la rue, lui ont même remis de l'argent en main propre. «On sent bien que l'obstacle financier n'est plus là, se réjouit Simon Jodoin, responsable des médias sociaux de la campagne de soutien, une initiative mise en place par un groupe d'amis du créateur, en collaboration avec la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC). Mais notre objectif va être atteint quand les sous de Claude seront dans son compte en banque.»Rappelons que Cinar (rachetée par Cookie Jar), Ronald Weinberg (l'un de ses fondateurs), Christian Davin (de France Animation), Christophe Izard ainsi que les entreprises France Animation et Ravensburger ont été reconnus coupables d'avoir plagié Robinson Curiosité, l'oeuvre de Claude Robinson. En août, la Cour supérieure a donc accordé une compensation de 5,2 millions de dollars à l'auteur. Or, devant cette condamnation, l'entreprise et les codéfendeurs internationaux ont décidé d'en appeler du jugement. Claude Robinson n'a toujours pas réussi à empocher un sou dans cette affaire. Et la somme amassée pendant la campagne servira à couvrir les frais de cet appel.

Ainsi, au départ, les gens derrière l'Opération Claude Robinson ne s'étaient pas fixés de montant précis à atteindre. La campagne se poursuit toujours. En cas de surplus, ceux-ci ne savent toujours pas ce qu'ils feront de l'argent.

Par ailleurs, le dur combat de l'homme pourrait avoir servi à faire avancer la cause du droit d'auteur et à conscientiser la population en général au concept de propriété intellectuelle.

«Visiblement les gens ont été touchés par ça, note Me François Larose, qui compte le droit d'auteur parmi ses champs d'expertise. J'espère que les gens vont réaliser l'étendue du droit d'auteur, par exemple lorsqu'ils vont télécharger de la musique ou des films sur l'internet.»

Pour Carole Lavallée, porte-parole du Bloc québécois en matière de Patrimoine, Claude Robinson incarne «le symbole du créateur qui, malgré lui, est obligé de se transformer en avocat et en investigateur» pour faire reconnaître ses droits. Selon elle, cette situation est inacceptable. «Les créateurs, il faut les laisser créer», dit-elle en faisant référence au fait que, pendant toutes ces années passées devant les tribunaux, M. Robinson a été incapable de se consacrer à son art.

«Ce qui marque, ajoute la présidente de la SARTEC, Sylvie Lussier, c'est surtout l'inégalité des forces (entre Cinar et Claude Robinson). Pour frapper l'imaginaire, il n'y a rien de mieux qu'une cause comme celle-là.»