L'impopularité des Bougon auprès des téléspectateurs de l'Hexagone ne sonnera pas le glas de la diffusion future d'autres séries québécoises au petit écran français, estiment plusieurs producteurs d'ici.

Les téléséries réalisées dans la Belle Province continuent visiblement d'attirer l'attention du Vieux continent. À preuve, Musée Éden, une série d'époque réalisée par Alain Desrochers, a suscité l'intérêt d'un distributeur français, a appris La Presse.

L'émission n'a toujours pas été visionnée par le public québécois, mais des négociations sont présentement en cours pour une éventuelle diffusion de l'autre côté de l'océan. Musée Éden, qui met en vedette Mariloup Wolfe et Laurence Leboeuf, sera en ondes en mars à Radio-Canada.

Les Invincibles semblent également avoir la cote. Dès le 9 mars, la chaîne Arte passera à son antenne l'adaptation française de la série. Convaincu du succès potentiel des quatre superhéros, le diffuseur a déjà commandé une deuxième saison, a-t-on également appris.

Avec de tels exemples, les producteurs québécois qui convoitent le marché français ne croient pas que le sort des téléséries réalisées ici soit scellé, même si l'accueil réservé à la famille Bougon a été plutôt froid.

«Ce n'est pas parce qu'une série n'a pas fonctionné que ça va nuire aux autres, estime Sophie Deschênes, productrice de Musée Éden. Je suis très confiante.»

Même son de cloche du côté des Productions Casablanca, la boîte qui produit Les Invincibles au Québec. «Chaque émission est différente et Les Invincibles, c'est tellement loin des Bougon, mentionne la productrice Joanne Forgues. C'est le public qui jugera.»

«Un échec n'est pas un signe de mort», ajoute pour sa part François-Pier Pélinart-Lambert, rédacteur en chef adjoint du Film français, bible hebdomadaire du cinéma et de la télévision dans l'Hexagone. À l'affût de toutes les nouvelles productions made in Quebec, ce dernier considère l'échec des Bougon comme un accident de parcours. Après tout, ce n'est pas la première fois que les téléspectateurs français boudent une émission, rappelle-t-il. «Il y a eu des séries américaines qui ont connu un fort succès aux États-Unis et qui se sont plantées en France.»

Le sort des Bougon

Que s'est-il passé exactement avec l'adaptation française des Bougon, diffusée jeudi dernier sur la chaîne M6? Au cours de la soirée, un épisode a été rediffusé, suivi de deux nouvelles émissions de 50 minutes chacune. Or, seulement 1,5 million de téléspectateurs - ce qui équivaut à 5,6 % de l'auditoire - ont répondu à l'appel.

Pourtant, les premières émissions, à l'antenne en 2008, avaient bien fonctionné en obtenant 13 % des parts d'audience. À la suite des plus récents résultats, un représentant de M6, qui a refusé d'être cité, a laissé savoir que la chaîne ignorait pour le moment ce qu'il adviendrait des six épisodes qui n'ont pas encore été diffusés.

Pour sa part, François-Pier Pélinart-Lambert attribue en partie cette piètre performance à un manque de publicité visant à promouvoir la série. Il estime que le délai entre la mise en ondes des premiers épisodes en octobre 2008 et la diffusion de nouvelles émissions la semaine dernière était beaucoup trop grand.

«Il faut créer un désir chez les téléspectateurs, dit-il. Attendre 14 mois, c'est trop long.» Le rédacteur en chef adjoint du Film français admet également qu'il a préféré la version québécoise des Bougon. Il la considère «plus rentre-dedans et paradoxalement plus fine».

«Je ne suis pas surpris de cet échec, lance-t-il sans détour. On est peut-être pas allé aussi loin que les Québécois.»