Les organismes culturels québécois souffrent de la crise. Moins qu'ailleurs, c'est vrai, mais pour s'en sortir, ils envisagent tout même de réduire leurs dépenses au risque de compromettre leur offre artistique.

Une nouvelle étude d'HEC Montréal démontre que 61% des organismes sondés pensent, avant tout, réduire leurs dépenses pour faire face à une baisse de revenus.

«C'est un résultat alarmant», pense Johanne Turbide l'une des deux responsables, avec André Courchesne, du sondage qui servira de base de discussion à un colloque présenté par Culture Montréal vendredi.

«Les organismes culturels souffrent déjà d'un manque de ressources, poursuit la professeure. Ça nous semble catastrophique qu'ils envisagent de couper davantage. Ils sont habitués de faire beaucoup avec peu, mais dans certains cas, ça voudrait dire des fermetures temporaires, voire permanentes.»

Le sondage électronique mené auprès de 259 organismes culturels à but non lucratif démontre aussi que ces organisations font preuve d'une résilience à toute épreuve. Comme principale solution à long terme, par exemple, les organismes visent une plus large diffusion.

«C'est rafraîchissant et positif cette volonté de retourner vers les publics, pense M. Courchesne. Ils nous disent qu'ils vont s'organiser et qu'ils vont survivre.»

L'étude confirme ce à quoi tout le monde s'attendait: une baisse des commandites privées à la culture, doublée par les mauvais résultats des placements en 2008. Heureusement, en contrepartie, le financement public est resté stable.

«La volonté des organismes culturels de s'en sortir en élargissant leurs publics, notamment, donne de la légitimité au soutien public aux arts», croit André Courchesne.

En fait, grâce à des programmes comme Placement Culture et Relance Culture, le financement public a légèrement augmenté au cours des dernières années, du moins en provenance du gouvernement du Québec.

N'empêche que la décroissance des revenus du côté des arts de la scène est évaluée à 25%. Comme le révélait La Presse récemment, les abonnements sont restés stables mais la vente de billets à l'unité a diminué cet automne.

«Malgré tout, les organismes démontrent un léger optimisme face à la crise et à sa résolution, dit M. Courchesne. Plus d'un tiers des répondants croient que leurs revenus seront en hausse cette année contre 27% en baisse, tandis que 29% pensent qu'ils resteront stables.»

Réalisée en juin dernier, l'étude a connu un taux de réponse de 34%. Le sondage a une marge d'erreur de 5%, 19 fois sur 20.

Le colloque qui aura lieu vendredi aux HEC permettra de comparer les tendances observées au Québec à celles qui prévalent ailleurs au Canada et en Grande-Bretagne en compagnie de plusieurs conférenciers invités.

Chanson francophone

Cette étude est publiée en même temps que les statistiques de fréquentation des arts de la scène au Québec en 2008. En début de crise, l'assistance était en baisse de moins de 1% en 2008 par rapport à 2007.

Une tendance lourde et préoccupante se dessine toutefois. Depuis 2005, le poids de la chanson francophone, face à l'anglophone, ne cesse de diminuer pour plusieurs indicateurs: nombre de représentations, de billets disponibles, l'assistance payante et les revenus de billetterie.