Vous cherchez un remède contre la grisaille de novembre? N'allez surtout pas voir Antichrist de Lars Von Trier. C'est un film tordu, pervers, lourd, violent, sombre, répugnant et quasi insupportable.

Si vous connaissez bien le catalogue du cinéaste danois, vous savez fort bien qu'il ne bricole jamais des oeuvres joyeuses, aériennes ou burlesques. Dans Dancer in the Dark, porté par la chanteuse Björk, le créateur tourmenté explore la sentimentalité extrême. Même chose pour Breaking the Waves, un film magnifiquement triste qui arracherait des sanglots au plus cynique des cinéphiles. La série télé Kingdom de Von Trier est un vrai bijou et Dogville a été un superbe exercice de style. Mais Antichrist? Hou-la-la, ça frise le grotesque et la provocation gratuite. À quoi sert une oeuvre aussi brutale, dites-moi?

L'histoire d'Antichrist se résume très simplement. Un couple d'intellos, formé de Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe, vit péniblement la mort accidentelle de leur garçon Nic. Étonnamment, les cinq premières minutes du long métrage de Von Trier ne collent pas du tout à sa réputation sulfureuse. Antichrist s'ouvre sur une jolie série de plans en noir et blanc, rythmés par un aria de l'opéra Rinaldo de Handel, qui défilent au ralenti: Charlotte et Willem font l'amour passionnément tandis que le petit Nic, laissé sans surveillance, s'approche de la fenêtre ouverte, tombe et s'écrase sur le pavé au moment où sa maman atteint l'orgasme en silence.

Vous devinez la suite: pour Charlotte, le sexe et le plaisir charnel deviendront indissociables de la mort, déclenchant chez elle des pulsions morbides extrêmes - et c'est un euphémisme. Pour ajouter au climat oppressant de ce huis clos, le couple, pour vivre son deuil à fond, s'enferme dans un vieux chalet déglingué, perdu au beau milieu d'une forêt inquiétante. C'est là que la descente aux enfers de Charlotte commence. Crises de panique, troubles anxieux, Charlotte perd la carte et se cogne violemment la tête sur le lavabo et la cuvette sous le regard terrifié de son époux psychothérapeute, qui tente de la sortir du trou.

Les scènes les plus horribles déboulent aux trois quarts, si vous endurez cet Antichrist jusque-là. Flambant nue, Charlotte part se masturber dans les bois en se roulant dans la terre humide. Son mari la rejoint et ils aboutissent dans une remise sale qui deviendra le théâtre d'un film d'horreur.

Possédée, elle frappera les parties génitales de son mari avec une bûche. Mais - surprise! - Willem conservera son érection. Charlotte le caresse. Il éjacule du sang. Puis, comme ça, elle attrape un vieux vilebrequin, perce la jambe gauche de son conjoint, toujours dans les vapes, et lui visse une meule sous le genou, sorte de boulet pour le clouer au sol. Étrange, vous dites?

Attendez la suite. Willem se sauve dans la forêt en rampant sur le sol terreux et se cache dans une grotte, où il déterre une corneille morte-vivante (et je vous épargne ici les autres animaux en putréfaction qui se mettent à parler). Quant à Charlotte, qui délire comme dans The Exorcist, elle se tranche le clitoris avec une paire de ciseaux rouillés. Clac. Oui, on voit absolument tout. Rien n'est suggéré. Tout est montré à la caméra.

Lars Von Trier a concocté ce film dans la douleur et la souffrance après avoir sombré dans une dépression majeure. Ceci explique peut-être cela. Personnellement, je ne reverrai jamais ce film inutile, qui nous entraîne vicieusement dans les bas-fonds, et pour quoi au juste? Pour comprendre les dépressifs, les détraqués et les psychotiques? Non, merci. J'ai des épisodes de Terre humaine à rattraper.

Je l'évite

Le marmonnage à la télé. C'est un fléau cet automne: plusieurs comédiens, notamment dans La galère et Yamaska, escamotent des syllabes, mastiquent mal les mots et débitent leur texte vite, vite, vite, ce qui nous fait rater des répliques. On ar-ti-cu-le, s'il vous plaît.

Je lévite

Avec le vidéoclip Empire State of Mind de Jay-Z et Alicia Keys. Un très bel hymne à New York couché sur les plus belles images, en noir et blanc, de la Grosse Pomme.

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