D'abord l'événement. Tout le catalogue des Beatles est enfin remasterisé. Ça faisait une mèche qu'on attendait ça. Que le plus grand groupe pop de l'Histoire n'ait pas profité plus tôt d'une restauration digne de ce nom dépasse l'entendement: rien n'avait été fait depuis leur premier transfert sur CD en 1987! C'est encore plus indécent, considérant que la plupart des autres groupes rock avaient tous déjà subi un lifting en bonne et due forme.

On ne reviendra pas sur les longues négociations qui ont retardé cette sortie. Ni sur les quatre années de studio nécessaires à ce patient dépoussiérage qui rappelons-le, n'est pas un remixage des chansons, mais bel et bien un rematriçage fait à partir des bandes finales originales.

 

La question, ici, serait plutôt: est-ce que le produit fini vaut le prix demandé? Est-ce que le coffret, vendu depuis mercredi en magasin, vaut ses 190 $ (pour la version stéréo ou ses 250 $ (pour la version mono), taxes non comprises?

Eh bien la réponse, chers lecteurs, est que... euh... ça dépend de vous. De vos finances. Et de votre degré d'obsession pour les Fab Four.

Crinquer le volume

L'objet lui-même est assez chic, avec son boîtier noir lustré et ses 14 pochettes cartonnées. Chaque disque vient avec un livret bien garni, qui ne vous apprendra toutefois pas grand-chose, sinon, peut-être, pour ces «notes d'enregistrement», à saveur plus technique et un clip «infomercial» de 5 minutes qui nous ressert du réchauffé.

Mais pour ce qui est du son, véritable vedette de ces rééditions, parlons d'une nette amélioration. Fini le temps où les chansons des Beatles sonnaient deux fois moins fort que toutes les autres dans vos mix de IPod. Nous avons fait le test et le résultat est convaincant.

Des connaisseurs affirment que les tambourines et les claquements de main sont dix fois plus clairs. Que les cors français et les clavecins n'ont jamais été aussi précis. Et qu'on peut quasiment entendre les gars respirer en studio. Tant mieux pour eux: ils ont des oreilles bioniques.

Pour les simples mortels que nous sommes, disons que la plus grosse différence se situe du côté de la batterie et de la basse, dont le volume a été «crinqué « au maximum. Et ça fait du bien. Jusqu'ici, la section rythmique des Beatles paraissait un peu mince. On redécouvre ici une vraie machine de guerre. C'est particulièrement remarquable dans les albums de la seconde moitié des années 60, qui bénéficient plus encore de ce traitement aux hormones.

Aucun doute, c'est une coche au-dessus.

Mais on reste quand même avec l'impression que cette réédition boostée n'est qu'une opération mercantile de plus pour la compagnie de disques, qui a passé les 20 dernières années à presser le citron beatlesque et à le commercialiser au compte-gouttes.

Revamper les Beatles n'aurait dû être qu'une formalité. On en fait tout un plat. On aurait pu en profiter pour rajouter des inédits, des chutes de studio, d'autres nananes. Qu'en est-il de la fameuse Carnival of Light, titre perdu et retrouvé, qu'on nous promet depuis si longtemps? Enfin, pourquoi lancer deux coffrets différents pour les versions mono et stéréo? Techniquement, et sauf exceptions (le double blanc, Past Masters), il y aurait eu assez d'espace pour tout mettre dans le même paquet.