Mort le burlesque? Détrompez-vous. Depuis quelques années, une nouvelle génération s'est donnée comme mission de ressusciter le genre et la belle époque des cabarets. Quelle différence entre le burlesque d'antan et celui d'aujourd'hui? «Le G-string» répond Scarlett James, fondatrice du premier Festival burlesque de Montréal.

Le néo-burlesque est à la mode. À New York, des danseuses nues en mal de fun et de «théâtralité» ont recréé les cabarets d'après-guerre. Leurs stripteases ont repris du poil de la bête. La bonne nouvelle s'est répandue... et a été récupérée par l'avant-garde théâtrale. De San Francisco à Toronto, on a retrouvé le plaisir de l'effeuillage. À Montréal, le mouvement a été repris par Crazy Show, Team Burlesque ou le Bluelight Burlesque, véritables pionniers du néo-burlesque en terre québécoise.

Dernier chapitre de ce vieux livre dépoussiéré, le 1er Festival de burlesque souhaitait donner un petit coup de glamour à ce «revival», resté jusqu'ici plutôt branché et marginal. «Le phénomène a commencé très underground, explique Scarlett James, effeuilleuse professionnelle et fondatrice de l'événement. À la longue, les salles avaient du mal à se remplir. Les costumes et les performances s'en ressentaient. J'ai voulu casser ce cercle vicieux en organisant un gros coup avec de la commandite.» Fidèle à la formule des cabarets, le Festival proposera un mélange de numéros de variétés allant de la claquette à la pôle chinoise, en passant par un magicien, des groupes de musique tendance fifties et de la contorsion.

Bonne idée, par ailleurs, d'avoir inscrit au programme des artistes d'une autre génération, témoins vivants de la belle époque des cabarets. C'est le cas d'Ethal Bruneau (claquette) et Geraldine Doucet (chanson, humour), qui comptent plus de 150 ans à elles deux. Américaine d¹origine, la première vit à Montréal depuis 1953. Veuve du défunt Roger Doucet («Ô Canadaaa...»), la seconde mène pour sa part une carrière soutenue dans le milieu du divertissement depuis les années 70.

Plus moderne, plus osé?

Évidemment, le tableau ne serait pas complet sans les numéros d'effeuillage, qui occupent l¹essentiel du menu. «C'était le clou de la soirée jadis et ce l'est encore aujourd¹hui. En fait, le néo-burlesque insiste principalement sur le striptease», résume Scarlett James, en évoquant Kalani Kokonuts, Michelle L'Amour, Dirty Martinis et autres «Miss Exotiques» qui feront tournoyer leurs pastilles pendant le week-end.

Quelle différence entre l'effeuillage façon Lili St-Cyr et celui des nouvelles générations? Peu de choses, répond Scarlett James. «Nous essayons de conserver l'esprit du stripping d¹antan. L'idée n'est pas de provoquer, mais d¹allumer.» À force de se faire cuisiner, la belle Scarlett admet toutefois que les effeuilleuses modernes vont plus loin que les anciennes. «À l¹époque, les filles ne pouvaient pas se toucher. Et encore moins montrer la ligne de démarcation des fesses. Elles avaient un pagne et des petites culottes.

Alors qu¹aujourd¹hui, on peut aller jusqu'au G-string.» Glamour et rondeurs Scarlett James avoue son lourd penchant nostalgique. Elle regrette l¹absence de glamour chez la femme actuelle. Le retour du burlesque permet non seulement de raviver la paillette et le boa à plumes, dit-elle, mais il redonne aussi du lustre à la femme plus ronde, trop longtemps écartée par les magazines et la mode. «C'est un milieu qui ne discrimine pas. Tout le monde peut s¹identifier aux gens qui sont sur scène. Les femmes dans l¹assistance ne se sentent pas menacées.» Drôle de commentaire venant d'un canon aux allures de playmate. Mais bon.

Rondeurs ou pas, Scarlett James n'en reste pas moins convaincue du potentiel grand public du «revival» néo-burlesque. «Las Vegas a son concours d¹effeuilleuses. Vancouver, Boston, Toronto et New York ont leurs festivals du burlesque. Pourquoi pas Montréal?»  lance-t-elle, tout en rabattant son boa

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Le Festival burlesque de Montréal. Du 17 au 20 septembre au Musée Juste pour Rire.

Informations: http://www.montrealburlesquefestival.ca