Des années après avoir quitté une émission de radio, notre journaliste Marie-Christine Blais se faisait encore interpeller en pleine rue, par d'anciens auditeurs ayant reconnu sa voix au détour d'un trottoir. Pourtant, raconte-elle ci-dessous, les auditeurs ne se font généralement pas une image fidèle de leurs animateurs:

«Êtes-vous blonde?» Euh, tellement pas! Mais il y a encore une dizaine d'années, les journalistes n'avaient pas systématiquement leur bloc photo dans les quotidiens (j'étais déjà collaboratrice à La Presse) et, hormis les animateurs-vedettes des diverses stations, peu de chroniqueurs radio figuraient sur les panneaux de publicité. Pour cet auditeur qui m'appelait afin de participer à un tirage dans le cadre de Montréal-Express (émission de retour à la maison sur les ondes de Radio-Canada), j'étais donc une voix blonde. Ou grande, pour cet autre. Ou jeune, pour cette dame qui nous écoutait religieusement tous les après-midi. La radio est était, en fait un monde délicieusement fantasmatique. Notre voix est une amie, dotée d'attributs imaginaires (surtout à l'époque), qui accompagne celui qui l'écoute au volant ou dans sa cuisine, à son bureau, dans son garage, au jardin... Les choses ont un peu changé aujourd'hui, mais je pense encore que les voix radiophoniques sont comme des amis invisibles, des copains virtuels, des proches un peu bavards... et peut-être blonds!